La signification de sati et de paṭṭhāna

Les quatre satipaṭṭhāna ont la même essence (contemplation de phénomènes naturels), mais l’objet diffère : kāya, vedanā, citta ou dhamma.

Sati est lié étymologiquement au verbe ‘se souvenir’, mais comme facteur mental, il signifie attention, vigilance ou réveil même s’il vaudrait mieux le traduire par ‘puissance d’observation’.

Sa caractéristique, c’est la non-superficialité. Sati ne vacille pas, ne flotte pas à la surface comme une citrouille vidée et séchée sur un plan d’eau, ne s’éloigne pas. L’esprit coule dans l’objet d’observation comme une pierre dans l’eau. En se fixant fermement sur l’abdomen, l’esprit finit par le pénétrer et des tensions, pressions et mouvements deviennent manifestes.

Sa fonction est l’absence de confusion, le fait de ne pas oublier. L’esprit ne devrait jamais perdre l’objet de vue, comme le footballeur.

Sa manifestation est premièrement de se trouver face à l’objet. Pour voir le caractère d’une personne, il faut l’observer de face. Un esprit qui se maintient un certain temps face à l’objet devient très clair et très pur, c’est pourquoi la deuxième manifestation de sati, c’est de protéger contre les impuretés mentales, à la façon d’un gardien qui ne laisse pas les perturbateurs pénétrer la ville.

La cause immédiate de sati, c’est d’abord une forte perception, ferme et stable. Saññā fonctionne comme un enregistreur et enregistre tout sans considération pour la qualité. Mais un bon enregistrement permettra une bonne attention. La fonction de saññā est aussi de reconnaître les objets. La seconde cause immédiate de sati, c’est l’attention elle-même. Un moment d’attention doit précéder immédiatement le suivant. Pour un élève aussi, la formation primaire est la cause de la formation secondaire, qui devient la cause de la formation universitaire.

Paṭṭhāna : établissement très ferme, ancrage stable et intime.

Il est important d’observer l’objet présent de façon synchronisée. Aucun délai ne devrait séparer l’observation et l’objet, sans quoi nous n’observons plus la réalité et ne pratiquons pas vipassanā.

Sati + pa + ṭṭhāna : la particule ‘pa’ indique une attention extraordinaire, intense et continue. Une attention ordinaire n’a pas sa place dans la pratique de satipaṭṭhāna.

❶ ‘pa’ renvoie à pakkhandana qui signifie attaquer ou se précipiter sur l’objet, y plonger sans penser, analyser, spéculer ou imaginer. Il faut éviter d’observer par à-coups de façon molle, tardive ou hésitante. Il faut aussi éviter une observation précipitée.

❷ Comme pour l’alpiniste qui saisit fermement la corde, ‘pa’ signifie fermement, sans lâcher l’objet. Le yogi est de plus en plus capable de saisir les objets, d’abord grossiers puis de plus en plus subtils, d’abord physiques et puis mentaux.

❸ ‘pa’ signifie aussi recouvrir et envelopper entièrement l’objet. il ne faut pas se contenter d’une partie de l’objet et il faut l’observer du début à la fin. Il faut une attention continue, ininterrompue, comme pour allumer un feu avec des bâtonnets. Il ne faut pas se permettre un petit repos de temps à autres comme les ‘yogis caméléons’. C’est une caractéristique d’anatta d’observer l’objet sans chercher à le manipuler ou sans s’attendre à quelque chose.

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