La souffrance des cinq agrégats & les ressentis

Les cinq agrégats sont souffrance pour trois raisons : ❶ car leurs apparitions et disparitions constantes sont oppressantes ❷ parce qu’ils sont à l’origine, à la racine de la souffrance et ❸ parce qu’ils sont intrinsèquement souffrance : nous devons entendre ou voir des choses qui nous déplaisent, nous ne voulons pas être tristes ou déprimés et n’y pouvons pourtant pas y échapper. S’ils n’existaient pas, il n’y aurait pas de souffrance. Comme ils nous constituent, nous devons vieillir et endurer toutes sortes de misères. Toutes ces raisons les rendent effrayants (dukkhaṃ bhayaṭṭhena).

On traduit dukkha par insatisfaisant pour inclure ses différents sens. Nous aimerions que les choses soient permanentes et ne trouvons donc pas satisfaction. Le commentaire explique qu’il faut comprendre trois choses : ① Qu’est-ce qui est souffrance ? Ce sont les 5 agrégats ② Sa caractéristique est le fait d’être constamment opprimé par les apparitions et disparitions, tout au long de la vie et sans interruption ③ dukkhānupassanā, c’est-à-dire voir la souffrance et la noter de façon continue. Nous pouvons acquérir pour nous-mêmes cette compréhension à condition d’être activement engagés dans la méditation. C’est cela la vision réelle, et non superficielle, de la souffrance. Il n’y a pas besoin de méditer pour savoir que se cogner le genou fait mal. Le Buddha n’a pas dit « tout ce qui est difficile à endurer est souffrance », mais « tout ce qui est impermanent est souffrance ». Le sens de dukkha est donc plus profond. Même jouir d’une bonne compagnie ou d’une bonne nourriture est souffrance, car opprimé par les apparitions et disparitions, les allées et venues, les hauts et les bas.

Le deuxième agrégat, c’est vedanā, comparé à une bulle d’air (bubbuḷūpamā) qui disparaît sitôt apparue. Les gens ordinaires pensent que le caractère plaisant, déplaisant ou neutre de ce qu’ils entendent, voient et surtout des ressentis douloureux va durer, peut-être des années. Aux stades d’udayabbayañāṇa et de bhaṅgañāṇa, le yogi sait que vedanā disparaît sitôt apparu. Au stade de sammasanañāṇa déjà, lorsqu’il note la douleur, elle devient plus intense et multiple. Elle disparait en un endroit et réapparait en un autre. Le yogi concentré peut voir une vision plaisante, déplaisante ou neutre apparaître et disparaître, mais c’est plus distinct avec les sons, qui disparaissent segments par segments. Il note les odeurs et observe clairement les ressentis liés au goût qui continuent d’apparaître et de disparaître à chaque note. Il note le toucher et les ressentis mentaux : tristesse, joie, etc. Eux aussi disparaissent rapidement lorsqu’ils sont bien notés. Les ressentis s’avèrent impermanents et non fiables.

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