La suite du mettā sutta 3

Certains yogis m’ont fait part de leur difficulté à rayonner mettā pour des inconnus. Il faut commencer par diriger mettā vers des proches et puis élargir le cercle peu à peu. Il faut éviter au début aussi des personnes de sexe opposé, surtout nos partenaires. Un jeune homme qui venait de se marier s’était ainsi rendu au temple pour prendre les neuf préceptes. Le moine lui instruisit de rayonner mettā d’abord pour son amoureuse. Après 10 minutes, il n’arrivait plus à détacher son esprit de sa femme. Il était sous l’emprise de taṇhā, lequel peut se déguiser comme mettā. Parmi les proches donc, il vaut mieux diriger d’abord mettā vers ses parents et sa famille.

La pratique de mettā est difficile : il faut le diriger notamment vers des êtres invisibles, des inconnus, des personnes lointaines ou encore des personnes avec lesquelles nous avons de mauvaises relations. Il faut considérer tous ces êtres comme s’ils étaient notre enfant unique, à l’instar du Buddha qui accordait un amour égal à son fils Rāhula et à tous les êtres. Il pouvait voir n’importe quel endroit de l’univers dans l’instant présent et pouvait voir les vies antérieures. Il savait que nous étions tous parents, ayant eu des millions de vie de famille et ayant été tantôt ami, tantôt ennemi, tantôt partenaire, etc. les uns des autres.

mettañca sabbalokasmi, mānasaṃ bhāvaye aparimāṇaṃ.
uddhaṃ adho ca tiriyañca, asambādhaṃ averamasapattaṃ.

mettañca sabbalokasmi : c’est le champ d’application, soit tous les mondes ; mānasaṃ : l’esprit ; bhāvaye : développer ; aparimāṇaṃ : sans limite ; uddhaṃ : vers le haut ; adho : vers le bas ; tiriyañca,: dans les huit directions planes ; asambādhaṃ : sans rien oublier ; averam : sans inimitié ; asapattaṃ : sans danger

Il faut éviter au début de rayonner mettā vers nos ennemis car nous ne pouvons-nous empêcher de leur en vouloir et d’éveiller des souvenirs négatifs à leur évocation. Il y a au centre de Birmingham des personnes éduquées qui ont fui la dictature birmane. Il y avait notamment deux médecins, un homme et une femme, qui s’entendaient bien en Birmanie mais étaient devenus ennemis en Angleterre et s’évitaient depuis 30 ans. Lorsque la mère de l’homme mourut, celui-ci vînt au temple pour rendre service. La femme médecin qui était là aussi changea totalement d’attitude, offrit le repas avec mettā. Il existe un proverbe qui dit que personne n’est ami ou ennemi pour la vie. Il est essentiel d’apprendre à pardonner.

tiṭṭhaṃ caraṃ nisinno, sayāno yāvatāssa vitamiddho
etaṃ satiṃ adhiṭṭheyya, brahmametaṃ vihāramidhamāhu.

tiṭṭhaṃ : debout ; caraṃ : en marche ; nisinno : assis ; sayāno : couché ; amiddho : éveillé (non somnolent) ; satiṃ : attention ; adhiṭṭheyya : avec vigueur ; brahmavihāra : états sublimes (c’est la façon suprême de vivre).

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