Le fondement de la moralité

Sīla, la moralité, prescrit ce qu’il ne faut pas dire ou faire. Elle rend nos actions et nos paroles pures. Tout être humain devrait observer au minimum les cinq préceptes.

Pāṇātipātā. Pour savoir si un acte est injuste, il faut se mettre à la place de l’autre et voir si on aimerait se voir infliger la même chose. L’acte de tuer est motivé par une forte dose de haine. Si on s’abstient de tuer, cette haine s’amenuise aussitôt.

Adinnādānā. Le vol est quant à lui motivé par une forte dose d’avidité. S’abstenir de voler permet d’éteindre aussitôt cette avidité.

Kāmesu micchācāra. Ce précepte ne concerne pas seulement l’adultère. On évite de faire violence aux relations familiales établies. Seule une forte avidité peut nous amener à outrepasser les sentiments des autres gens.

Musāvāda. On s’abstient de détruire par le mensonge ou la calomnie le business ou la bonne réputation d’autrui. Si nous ne pourrions endurer les mêmes paroles à notre encontre, nous savons qu’elles sont injustes et qu’il faut s’en abstenir. Ces paroles sont motivées par un mélange d’avidité et de haine. S’en abstenir fait mourir cette avidité et cette haine.

Surā-meraya-majja-pamādaṭṭhānā. Si nous consommons des drogues ou des intoxicants, nous oublions d’accomplir de bonnes actions. Un bon cœur peut être détruit par les drogues. Les drogues sont un peu comme le commanditaire d’un crime. Même si elles n’exécutent pas le crime, elles peuvent être assignées en justice pour leur rôle dans celui-ci.

On peut donner l’analogie d’un arbre fruitier pour expliquer le rôle de la moralité dans la pratique. L’arbre représente la moralité, les fleurs, la concentration et les fruits, la sagesse. Si un arbre est cassé, il n’y aura pas de fleurs ou de fruits. S’il est mal nourri, les fruits seront petits et insipides. Briser les préceptes ne permet pas de recueillir de fruits et les affaiblir donne seulement de pauvres fruits.

Les moines observent officiellement 227 règles de conduite, les disciples laïcs en observent cinq. Au cours d’une retraite toutefois, les yogis observent huit ou neuf préceptes. Ils s’abstiennent davantage afin d’obtenir de meilleurs fruits.

Abrahmacariyā, le troisième précepte, est renforcé. On s’abstient de toute activité sexuelle. Les yogis s’abstiennent en outre de consommer de la nourriture solide après midi, de danser, de chanter, de jouer de la musique et de s’embellir. Enfin, ils s’abstiennent de sièges ou de lits luxueux. Ces préceptes additionnels permettent de consacrer plus de temps à la pratique et soutiennent celle-ci. Dans le contexte de la méditation, leurs bienfaits sont assez visible. Il est difficile toutefois de les maintenir sans une pratique de la concentration et de la sagesse.