Le kalyāṇamittā

  • Voir, entendre, sentir, goûter, toucher, penser, étendre, replier, pencher, lever, avancer, placer, tous ces phénomènes impliquent le corps et l’esprit (première vérité de la souffrance). Taṇhā y prend plaisir et souhaite les expérimenter (deuxième vérité de la cause de la souffrance). Il faut réaliser la première et éliminer la seconde, ainsi, la troisième vérité de la cessation et la quatrième vérité du chemin apparaissent. Les deux premières vérités sont mondaines, difficiles à voir et donc profondes, les deux secondes sont supramondaines, profondes et donc, difficiles à voir. En éliminant ce qui est opposé par la pratique des trois entraînements cependant, le Dhamma devient facile à voir : Gambhīropi dhammo paṭipakkhavidhamanena supākaṭo bhaveyya. paṭipakkhavidhamanaṃ pana sammāpaṭipattipaṭibaddhaṃ
  • Pour y parvenir, nous avons besoin d’un bon ami spirituel, un kalyāṇamittā. S’il est véritable, il dispose de sept qualités : ① piya : disposant d’une bonne base morale, il est cher aux gens. Même s’il n’est pas tant aimé, il sera libre de tout reproche. Chacun devrait être piya, soit un véritable être humain. ② garu : (cf gourou) signifie respecté. Plutôt que de garder pour soi ce que l’on possède en effet, il civilise sa parole et instruit les autres par divers moyens sans attentes en retour. ③ bhāvanīya : il recevra l’amour bienveillant des autres. Cette qualité découle des deux premières automatiquement. ④ vatta : ses bonnes qualités lui permettent d’instruire facilement car il a déjà testé pour lui-même les bienfaits de la pratique et cherche seulement à en témoigner franchement au profit des autres, à l’instar du Bouddha ⑤ vacanakkhama : s’il est critiqué, il endure patiemment sans manifester de colère. ⑥ gambhīrañ kathaṃ kattā : capable de parler du Dhamma profond (les quatre nobles vérités, satipaṭṭhāna, le paṭicca samuppāda) sur base de son expérience, sans nécessairement avoir étudié, même si combiner étude et pratique est très bénéfique. Si on ne dispose ni d’expérience personnelle, ni de connaissances théoriques, on enseigne selon ce que l’on pense, ce qui n’est pas bon et induira le doute. Même si nous n’avons pas atteint le stade de sotāpanna, nous devrions au moins en être proches pour pouvoir enseigner. Au vers 158 du Dhammapāda, le Bouddha avertit que nous ne pourrons être à l’abri des critiques comme enseignants que lorsque nous serons capables de mettre la Dhamma en pratique, il ne sera alors plus pesant d’enseigner : attānameva paṭhamaṃ, patirūpe nivesaye ⑦ no aṭṭhāne niyojaye : ne pas utiliser les autres à son propre profit et donner des tâches seulement bénéfiques.
  • Pour résumer, on peut reprendre à l’envers la chaîne des causalités : le Dhamma deviendra évident une fois les nīvaraṇa écartés, pour cela il faut pratiquer systématiquement et précautionneusement, pour cela il faut apprendre la méthode et écouter attentivement, pour cela il faut avoir la foi dans le professeur et l’enseignement, pour cela il faut la requête d’une personne respectée, ou la lecture d’un livre respecté. À l’époque du Bouddha, le grand Brahmā lui-même fit la promotion du Bouddha auprès des hommes.

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