Le manque de recherche et ses effets kammiques

❼ Pourquoi certains sont-ils abrutis et d’autres intelligents ? C’est la dernière des quatorze questions posées par le jeune Subha au Buddha, lequel répond que ceux qui ne désirent pas développer la connaissance de la nature des choses et ne posent pas de questions ne savent pas distinguer bonne et mauvaise conduite, commettent des actes mauvais qui les entraînent en enfer. S’ils reprennent naissance comme humains, ils sont abrutis.

Les méditants veulent connaître le Dhamma. On peut déduire de la situation présente des gens ce qu’ils ont fait dans leurs dernières vies. Bien informés, les méditants savent quelle conduite adopter. Ils développent la grande connaissance, mahāpaññā.

Les actes enracinés dans l’avidité, la colère et l’ignorance sont néfastes (akusala). Ils ne sont pas fiables et nous entraînent vers les états de misère. Il y a dix duccarita (mauvaises conduites) : trois physiques (kāyakamma) ① pānātipāta ② adinnadāna ③ kāmesu micchācāra ; quatre verbales (vacīkamma) ④ musāvāda (mensonge) ⑤ pisunavācā (médisance) ⑥ pharusavācā (paroles dures) ⑦ samphapplāpa (paroles insensées) ; et trois mentales (manokamma) ⑧ abhijjhā (convoitise – comploter pour s’emparer de biens des autres) ⑨ byāpāda (malveillance – comploter avec l’intention de nuire) ⑩ micchā diṭṭhi (vues fausses – par exemple ne pas croire que la loi du kamma apporte des bénéfices).

Il est important de pouvoir distinguer actes néfastes et bénéfiques (kusala), comme dāna, sīla et bhāvanā. Le Visuddhimagga distingue 40 méditations (kammaṭṭhāna) de samatha : 10 kasiṇa, 10 asubha, 10 anussati, 4 brahmavihāra, etc. On peut les pratiquer mais vipassanā est plus important. La colère, l’avidité, l’illusion, etc. se manifestent à travers les six portes sensorielles. En pratiquant vipassanā, nous ne leur donnons pas l’occasion d’apparaître. Il faut réaliser leur impermanence, ce qui n’est possible que pendant l’apparition du phénomène. Dans un premier temps, la nature originale du phénomène (sabhāva) est perçue, ensuite son apparition et disparition (udayabbaya). Quand anicca est réalisée, dukkha et anatta sont connus en même temps.

Au lever, nous voyons quelque chose et notons aussitôt « voir ». Les gens ordinaires verront cet objet comme plaisant et permanent, et considéreront que l’observateur aussi est permanent et doté d’un soi. Quand la concentration devient forte, l’esprit qui note prend le dessus. On perçoit l’objet visible, la sensibilité de l’œil (rūpa) comme fort différente de la perception, la conscience visuelle ou l’attention (nāma). L’objet percute la partie sensible de l’œil, la conscience apparaît avant de disparaître aussitôt en même temps que l’objet. Au plus nous notons, au plus nous réalisons l’impermanence. Il en va de même pour le son, le tympan et la conscience auditive. C’est sur leur base que les saṅkhāra se développent.

‘diṭṭhe diṭṭhamattaṃ bhavissati, sute sutamattaṃ bhavissati, mute mutamattaṃ bhavissati, viññāte viññātamattaṃ bhavissati’ : Qu’il n’y ait dans le vu, l’entendu, le contacté et le su que le vu, l’entendu, le contacté et le su.

Outre vipassanā, les yogis ont aussi pratiqué les quatre brahmavihāra au cours de cette retraite. Mais ils continuaient à pratiquer vipassanā simultanément, en notant l’esprit qui rayonne upekkhā ou karuṇā, l’onde sonore, etc.

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