Le sens de l’urgence

La dernière exhortation du Bouddha avant sa mort était de s’efforcer sans relâche. Il faut réfléchir à la rare opportunité de vivre à une époque où l’enseignement du Bouddha est vivant, à celle d’être né humain, de rencontrer des personnes qui ont la foi dans le triple joyau, d’entendre le Dhamma.

Certains yogis expliquent, lors des entretiens, expérimenter de la dureté, de la chaleur, etc. et ne pas aimer observer cela. Par exemple, ils ressentent de la dureté à la fin du soulèvement, ou une grande quantité de salive dans la bouche. En réalité, il s’agit des 4 éléments, et c’est précisément ce qu’il faut observer. Dans la chaleur, il n’y a pas de « je », seulement la chaleur et l’esprit qui note. Le mouvement, c’est l’élément air. À la marche aussi, ils notent souvent « dureté », etc.

L’histoire de la jeune tisserande (pesakāra) illustre l’importance de saṃvega, le sens de l’urgence. Elle allait souvent écouter les sermons du Bouddha et celui-ci exhortait les gens à observer les 5 agrégats et à réfléchir régulièrement à la mort, afin de ne plus la craindre. La vie est incertaine, la mort est certaine. Celle-ci pratiqua donc ardemment de cette façon. Un jour, le Bouddha comprit que la jeune fille atteindrait la libération et lui demanda, alors qu’elle approchait, d’où elle venait, à quoi elle répondit « je ne sais pas » (quelle était sa dernière existence) ; où elle allait, à quoi elle répondit « je ne sais pas » (quelle sera sa future existence) ; si elle ne savait pas, à quoi elle répondit « je sais » (que je vais mourir) ; si elle savait, à quoi elle répondit « je ne sais pas » (quand elle mourra). L’audience était perplexe et le Bouddha leur expliqua que très rares étaient les gens qui voyaient clairement. Lorsque l’on note l’objet néanmoins, on voit clairement. Cette réflexion devant la mort devrait nous encourager à ne pas postposer la pratique et instiller en nous le sens de l’urgence.

Mais avec l’attention, on peut observer davantage que simplement les éléments, comme les intentions, etc. Il n’y a que trois choses : l’apparition de l’objet (la matière), l’esprit qui note (l’esprit) et ce que l’on remarque (la sagesse). Si on peut voir ces trois choses, on élimine le concept.

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