Le stade d’udayabbaya ñāṇa

Hier nous avons vu le stade de samassanañāṇa, la connaissance de la compréhension. Aujourd’hui, nous allons voir celui d’udayabbayañāṇa, la connaissance des apparitions et disparitions. À ce stade, le yogi fait des expériences inhabituelles et voit toutes sortes de signes (nimitta) comme des images ou des lumières. Ces signes sont d’autant plus forts que sa concentration est forte.

Au stade précédent, le yogi observait trois phases pour chaque phénomène : l’apparition, le prolongement et la disparition. L’inspiration débute au niveau du nez, se prolonge à travers la gorge avant de disparaître dans le ventre. Le pas démarre quand le pied quitte le sol, se prolonge avec l’avancement du pied et se termine quand celui-ci touche le sol. Désormais, le yogi ne voit plus que l’apparition et la disparition, le rythme s’accélère, un peu comme une voiture qui, après une phase de démarrage, gagne l’autoroute. Il ne faut pas rechercher ce stade. Il va se manifester naturellement.

Au stade d’udayabbaya, le yogi voit les phénomènes très clairement sous l’angle des caractéristiques (anicca, dukkha, anatta), sous l’angle des conditions (les phénomènes n’apparaissent que si les conditions sont présentes et disparaissent quand elles disparaissent) et sous l’angle des moments (apparition et disparition).

Auparavant aussi le yogi voyait des lumières, expérimentait la joie (pīti), mais ce n’était pas aussi fort. Parfois le yogi se sent très léger, a l’impression que son corps s’allonge vers le haut ou s’enfonce dans la terre. Il sent peut-être sa tête décrire des cercles, s’attache à cette expérience et cherche à accentuer ces cercles. La détermination (adhimokkha) aussi devient très forte, tout comme l’équanimité (upekkhā). Le yogi se surestime et croit avoir atteint la libération. À l’époque des hippies, les jeunes prenaient des drogues et cherchaient des expériences en Inde. Ayant goûté pīti, ils en voulurent toujours plus. Peu à peu, ils se sont intéressés à vipassanā. Aujourd’hui, ils sont devenus enseignants de méditation en Occident. On voit la puissance de pīti.

Toutefois, la présence d’un maître est nécessaire pour guider le yogi. Celui-ci risque de se complaire dans ces expériences et de ne plus progresser. On parle du stade précoce d’udayabbaya. Le rôle du professeur est de ramener l’élève à la simple observation des phénomènes physiques et mentaux. L’élève ne réalise pas toujours qu’il est sur une non-voie. Il doit faire preuve de discrimination pour retrouver le chemin correct.

Page précédente