L’effet du don sur le donateur

Faire une offrande apporte la joie. En pāḷi, on parle d’anumodana (gratitude). La pratique graduelle débute par dāna, et est suivie de sīla, de la renaissance céleste, de la réalisation de la vanité des plaisirs sensuels et enfin de la pratique de vipassanā pour éliminer l’attachement à ces plaisirs. C’est la confiance née de la pratique qui a amené Ludmila à vouloir faire l’offrande du repas. Cette intention préliminaire, c’est pubbecetanā en pāḷi.

Au moment du don, l’intention d’aider les yogis à développer leur méditation ou à soutenir le sangha est présente. Kusala (bénéfique) signifie que l’acte est libre d’imperfection, on ne peut blâmer celui qui l’accomplit. Il fait un don de longévité, de beauté, de santé, de force et de sagesse, et ce sont aussi les cinq bénéfices qui lui reviendront en retour. Il ne prépare pas le repas de façon mécanique, mais avec de l’amour bienveillant (metta), de la modestie qui se réjouit de la réussite des autres (muditā), de la compassion (karuṇā) et de l’équanimité (upekkhā) vis-à-vis des méditants. L’intention au moment de l’acte, c’est muñcacetanā. Elle calme l’esprit. La joie présente lorsque l’on voit les méditants prendre le repas l’emporte sur dosa et lobha, dont la présence ne permettrait pas le don. On parle des quatre brahmavihāra. Celui qui pratique les jhāna expérimente des états d’esprit similaires à ceux des brahmā.

Après le don, la joie reste dans l’esprit quand on se le remémore. C’est aparacetanā. Il faut souvent se remémorer cet acte.

Le bénéficiaire du don n’est pas aussi important que l’esprit du don, mais donner à des personnes qui cherchent à se débarrasser de lobha, dosa et moha, comme les yogis qui observent à présent les neuf préceptes, procurera plus de joie au donateur. Faire un don à un animal aussi cependant peut apporter des bénéfices qui subsisteront très longtemps.

Pour les bénéfices mondains, le donateur ne doit pas obligatoirement prononcer son intention de détruire les purulences ou d’atteindre nibbāna lorsqu’il effectue son don, ces intentions que nous prononçons tous les soirs au moment de partager nos mérites. Des bénéfices accroîtront automatiquement de son don. Mais il faut avoir accompli de tels actes, habités de telles intentions, pour pouvoir arpenter la voie de la libération. Il est possible aussi de faire un don en ignorant les bénéfices de celui-ci, mais la connaissance des bénéfices est une forme de vue juste et donc de sagesse utile : kammassakatādiṭṭhi sammādiṭṭhi.

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