L’effort de surmonter les empêchements

Des trois qualités du bhikkhu du satipaṭṭhāna sutta : ātāpi, sampajāna et satima, la première est la plus importante. Sans l’effort, il n’est pas possible de rester attentif d’instant en instant. Mais malgré nos efforts, nous ne parvenons pas à noter l’objet présent en raison des empêchements, au premier rang desquels, la somnolence, mais aussi la colère, le désir sensuel, le doute ou l’agitation. Ceux-ci nous empêchent de progresser. C’est néanmoins à nouveau l’effort qui permet de les surmonter.

Le premier niveau d’effort, ārambha dhātu, permet de se débarrasser du désir sensuel. Le second, nikkamma dhātu, plus puissant, de la paresse et de la somnolence. Le troisième, parakkama dhātu, le plus puissant, permet de comprendre clairement le Dhamma.

Pour l’instant, il nous est difficile de nous maintenir sur l’abdomen et de noter les pensées. Nous ne sommes pas intéressés et ne remarquons rien dans les mouvements de l’abdomen ou dans les différentes phases du pas. S’il y a effort, l’esprit devient alerte. Nous remarquons par exemple qu’il n’y a rien d’autre que l’abaissement, et que le soulèvement a cessé d’exister. Le Buddha a déclaré que le yogi énergique était celui qui parvenait à appliquer les trois types d’efforts. Ainsi, la somnolence non apparue n’apparaît pas et celle déjà apparue est dissipée. Si la somnolence est là, il faut intensifier l’effort, ce qui est difficile quand l’esprit est lourd et paresseux.

Quand l’esprit est énergique et que l’attention se maintient du début à la fin du mouvement, on peut tout noter dans le corps et l’esprit et on voit l’objet disparaître aussitôt. Il n’y a aucune colère, aucun désir sensuel, aucune impureté. Lorsque le yogi remarque que son esprit est devenu calme, cela indique que celui-ci est temporairement purifié. Si nous cessons de noter, les émotions négatives, ressentiment, colère, tristesse, inquiétude, etc. reviennent. Mais si on les note, elles disparaîtront aussi. C’est le bénéfice de la prise de note.

Il en va de même des ressentis (vedanānupassanā). Dès qu’un ressenti se manifeste, il faut le noter en fournissant les trois types d’effort. Sauf si votre attention est très énergique, vous n’avez jusqu’ici expérimenté que le ressenti douloureux. On oriente l’esprit vers lui et on note ‘douleur’. Mais on ne comprend pas encore l’enseignement du Buddha, même si on connaît la théorie : on continue d’aspirer aux ressentis agréables. Sans comprendre la véritable nature du corps et de l’esprit, nous restons attachés à notre personne et ne pouvons pas accepter dukkha. Le roi du Kosala demanda autrefois à la reine Mallikā qui elle aimait le plus au monde. Au risque de décevoir le roi, elle répondit honnêtement qu’elle s’aimait elle-même plus que quiconque. La douleur est inévitable. En méditation, nous devrons observer comment elle varie en intensité, se déplace, etc. Si nous comprenons dukkha, nous voudrons nous libérer de notre attachement.

Après deux ou trois jours, les yogis ont progressé, ils parviennent à moins bouger, à moins penser. Ils ont quelques ressentis agréables. Par la suite ils expérimenteront aussi les ressentis neutres.

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