Les 5 empêchements : somnolence, agitation et doute

❸ thīna middha : paresse, indolence, torpeur, somnolence et fatigue. Sensation de pression ou de constriction de l’esprit. Devise de Mahasi: « paresse et torpeur nous jettent en prison, soyons conscients de leur présence et attentifs, détruisons-les rapidement ». En l’absence de progrès, nous devenons léthargiques physiquement et mentalement. En déployant plus d’efforts, l’esprit devient alerte, même dans un corps fatigué. Il y a trois types d’énergies : ① celle du lancement ② la poursuite de l’effort face à la somnolence ③ l’augmentation persistante du niveau d’énergie jusqu’à l’atteinte du but, sans relâchement. La saveur du Dhamma est la saveur suprême (sabbarasaṃ dhammaraso jināti) mais n’est goûtée que par ceux qui pratiquent ardemment. Comme pour le chocolat belge, seul celui qui l’a essayé peut connaître vraiment son goût.

❹ uddhacca-kukkucca : l’agitation et le remord. Un excès d’énergie induit l’agitation. Nous nous inquiétons si nous avons manqué un objet, réfléchissons, étudions, nous décourageons, nous faisons du souci. Nous ne parvenons pas à noter cet esprit inquiet ou planificateur. Il faut relaxer l’esprit, se rappeler qu’aucun ego n’est capable de changer le cours des événements par la volonté et se résoudre à continuer à noter même si c’est imparfait. Kukkucca apparaît lorsque nous nous souvenons d’actions passées et les regrettons. Il faut se dire que tout le monde commet des erreurs et noter cet état d’esprit. Le Buddha a déclaré qu’il ne fallait pas ruminer le passé ou le futur et ne pas s’attacher au présent. Voici la devise de Mahasi : « l’agitation et le remord sont un esclavage, abandonnez-les rapidement ».

❺ vicikicchā : le doute sceptique et l’incertitude. Est-ce la bonne méthode ? Le prof est-il compétent ? Voici la devise de Mahasi : « le doute crée deux esprits, la route bifurque en deux chemins ». Il faut noter sans interruption pour surmonter ce type de doute. L’objet deviendra plus clair et la distinction entre celui-ci et l’esprit qui note deviendra manifeste (nāmarūpaparicchedañāṇa), puis la distinction entre l’intention de bouger par exemple ou de noter (causes) et le mouvement ou l’attention (effets) (paccayapariggahañāṇa). En répétant cette observation, la croyance en l’ego s’érode. En renforçant encore l’attention, nous verrons toutes les perceptions apparaître et disparaître, leur impermanence, leur caractère insatisfaisant et impersonnel. Personne ne peut arrêter ce processus (sammasanañāṇa) Il n’y a alors plus de doute par rapport à la méthode.

Quand ces empêchements sont présents, l’attention ne peut émerger. Comme pour une porte qui n’autorise le passage que d’une personne à la fois, un esprit bénéfique ne peut coexister avec un esprit néfaste. La note continue génère uniquement des esprits bénéfiques mais s’il y a relâchement, des pensées néfastes peuvent s’introduire qu’il faut aussitôt noter. Ainsi, l’esprit devient pur et clair (cittavisuddhi) et permet l’apparition du plaisir (pāmojja) lequel entraîne celui de la joie (pīti). La joie cause la tranquillité du corps (kāyapassaddhi) qui cause le bonheur (sukha), lequel amène la concentration (samādhi) et celle-ci entraîne la sagesse (paññā). Finalement, le yogi réalise maggaphalañāṇa et nibbāna.

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