Les agrégats d’attachement

Mahākoṭṭhika demanda à Sāriputta à quoi un bhikkhu vertueux devait prêter attention (yoniso manasikātabbā). Celui-ci répondit : aux cinq agrégats d’attachement sous onze aspects : impermanence, souffrance, maladie, tumeur, vide, non-soi, dard, misère, affliction, étranger, dissolution.

L’attachement, c’est tenir fermement à quelque chose et refuser de le laisser partir. C’est un état mental. On voit par exemple quelque chose de beau et on s’attache par l’avidité. Quelque chose d’horrible ou un incident indésirable aussi peuvent susciter l’attachement ou le mécontentement. On peut aussi s’attacher par les vues fausses, comme lorsque l’on croit que les choses ou les personnes sont une entité permanente. Tout ce que l’on voit, entend, sent, goûte, touche ou pense peut faire l’objet de notre attachement. Tout ce qui suscite notre attachement est un agrégat d’attachement (upādāna khanda), ce qu’il faut distinguer des agrégats tout courts.

Le terme d’agrégat fait référence à un regroupement de différents aspects d’une même chose, et non à un groupe d’éléments variés. L’objet visible par exemple n’est jamais qu’une seule unité de matière (rūpa) mais qui peut être envisagée dans le passé, le présent et le futur. Rūpa peut être interne ou externe (par exemple l’air que l’on respire), grossier ou subtil (tantôt raide, tantôt léger), inférieur ou supérieur (tantôt en bonne santé, tantôt lourd). Vedanā, le ressenti, est un état mental, mais on parle aussi d’agrégat car il peut être envisagé dans le passé, le présent ou le futur, comme interne ou externe selon que l’objet qui le cause est interne ou externe, etc.

Il y a cinq agrégats. ① les matérialités dont le propre est de changer selon les conditions adverses, le froid, la faim, etc. On peut observer cela avant le repas, etc. ② les ressentis agréables, désagréables ou neutres ③ les perceptions (saññā) dont la fonction est de faire des marques comme un menuisier marque le bois pour reconnaître l’objet. Elles peuvent aussi être envisagées comme passées, présentes, futures, etc. ④ les formations volitionnelles (saṅkhārā) regroupent 50 des 52 états mentaux comme sati, paññā, dosa, etc. Elles sont présidées par la volition (cetanā) qui nous amène à accomplir des actes positifs comme la méditation ou néfastes. Le mot peut prendre le sens actif de ce qui nous pousse à agir, comme ici ou passif comme dans la phrase sabbe saṅkhāra anicca, signifiant que tout ce qui est fabriqué est impermanent. Dans la vision par exemple, il y a un type d’activité qui permet la vision, un effort pour mener la vision à bien, quelque chose qui nous dit : « vois-le » et que l’on peut saisir pendant la pratique. Nous devons noter les intentions au cours de la pratique ⑤ les consciences, sont le fait d’être conscient de l’objet au sens technique, sans rien de plus.

On ne comprendra pas les khanda dans les livres, mais on peut les observer à tout moment, lorsque l’on voit, entend, touche, etc. Si on les observe de façon continue, on verra qu’ils apparaissent en un endroit particulier et sont impermanents.

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