Les bénéfices de la pratique

La partie introductive (uddeso) du mahāsatipaṭṭhānasutta est un résumé de l’ensemble du sutta, le discours sur l’établissement de l’attention découvert par le Buddha. Toutes les instructions pour la méditation s’enracinent dans ce sutta. Elle commence par « Ceci est le seul chemin, bhikkhū, pour la purification des êtres, pour la victoire sur le chagrin et les lamentations, pour la disparition de la souffrance physique et mentale, pour l’atteinte du noble chemin, pour la réalisation de nibbāna, à savoir les quatre établissements de l’attention ».

Eka (seul) + ayana (chemin) signifie que cette voie n’a pas de bifurcation, qu’elle mène directement et certainement au but. Seule l’attention peut nous mener à nibbāna mais elle peut prendre différentes formes. Seul l’exercice physique permet de se muscler même si l’exercice peut varier. Le sutta à lui seul contient déjà 21 pratiques de l’attention au corps, aux ressentis aux consciences, etc. L’attention garde les sens et empêche les impuretés mentales d’envahir l’esprit. Elle est la seule façon de garder un esprit pur. L’attention est un des facteurs du noble octuple sentier.

Les bénéfices énumérés sont ❶ la purification des êtres. Même si l’hygiène corporelle et la propreté des lieux peuvent contribuer au développement de la sagesse selon le commentaire, c’est la pureté de l’esprit qui compte. ❷ Surmonter le chagrin et ❸ les lamentations, soit l’expression bruyante de ce chagrin. ❹ Il est impossible de faire disparaître la douleur physique en elle-même mais il est possible de vivre avec elle et de l’accepter, comme Anuruddha qui était atteint d’une maladie grave mais pouvait l’endurer sans broncher car il pratiquait les quatre établissements de l’attention. Si l’esprit n’est pas affecté, la souffrance physique est virtuellement inexistante. ❺ le chagrin, la malveillance, la dépression, etc. sont des états mentaux liés entre eux. L’esprit ne peut heureusement prendre qu’un seul objet à la fois, sans quoi nous souffririons beaucoup plus. Si Monsieur A est l’objet de ma colère, cette colère ne peut que s’accroître en restant focalisé sur lui. Si l’attention se porte sur la colère elle-même cependant, Monsieur A n’existe plus à ce moment-là dans l’esprit. Privée de sa source, la colère ne peut que disparaître. C’est ainsi que nous gérons toutes les émotions en méditation. ❻ l’atteinte du noble chemin. Le chemin est un terme technique. Il regroupe les huit facteurs du chemin présents au moment de l’illumination. La conscience du chemin (magga citta) doit être définie précisément. L’illumination n’aura pas le même sens pour un chrétien ou pour un bouddhiste. Il s’agit pour ce dernier de l’élimination des impuretés et de se trouver face à face avec nibbāna. Une personne qui pratique intensément expérimentera un type de conscience totalement inédit. La conscience du chemin sera suivie de deux ou trois consciences du fruit (phala citta). ❼ la réalisation de nibbāna, c’est la même chose.

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