Les caractéristiques de l’attention et les quatre éléments

Nous devons clairement savoir ce que nous faisons : observer très précisément le corps et l’esprit afin de comprendre leur véritable nature. Il faut s’entrainer à observer toute la journée. Sept jours, c’est très peu, surtout que nous n’en avons pas l’habitude. Il ne faut pas perdre de temps. Soyons attentifs pendant toutes les activités de la journée. L’esprit est comme un singe qui saute de branche en branche, très difficile à contrôler. Il faut observer à la fois l’objet et l’esprit qui en prend conscience. Un esprit ne peut exister sans son objet. nous devons donner à l’esprit un objet approprié.

L’attention est le facteur décisif. Sa caractéristique est d’être très ferme, de ne pas flotter à la surface du lac comme un ballon mais d’en toucher le fond comme une pierre. Si l’attention heurte l’objet, la sagesse va se manifester. La fonction de l’attention est de ne pas oublier, d’expérimenter clairement (asammosa rasā). Nous aurons l’impression que l’esprit est pris en charge par l’attention comme un enfant par sa mère. La cause proche de l’attention est une perception très ferme.

Le Mahāsatipaṭṭhāna sutta énumère quatre types de contemplations basées sur l’attention : kayānupassanā (par exemple les mouvements de l’abdomen) ; vedanānupassanā (douleurs, engourdissements, chatouillements, etc.) ; cittānupassanā (pensées, agitation, colère, paix, etc.) ; dhammānupassanā (contient plusieurs sections dont les cinq empêchements. Nous pouvons voir ainsi que la colère empêche le progrès).

Le corps et l’esprit changent constamment. Il faut se maintenir dans l’instant présent pour le voir, ce qui demande effort, attention et concentration. Il ne faut pas d’interruption de l’attention sinon l’esprit s’envolera et prendra n’importe quel objet. Au plus la concentration est forte, au mieux nous verrons l’objet et les connaissances vipassanā pourront émerger. Il ne sert à rien de courir de tous côtés pour voir toute l’eau d’une rivière, il suffit de se poster en un point fixe et de voir l’eau défiler sans en chercher la provenance. En comprenant en détail, une sagesse extraordinaire se développe. Un verre d’eau semble une banalité mais observée en laboratoire, l’eau apparait composée d’hydrogène et d’oxygène. Nous observons néanmoins un objet interne. C’est plus facile dans la mesure où cet objet est toujours présent en nous.

Les choses sont simples mais nous paraissent compliquées quand l’esprit n’est pas stabilisé. Quand l’esprit est stable, le yogi expérimente des choses inédites. Il s’agit des quatre éléments inséparables : terre, air, eau et feu, tour à tour prédominants. Parfois la chaleur se manifeste très fort, parfois la dureté. C’est très naturel et il ne faut pas s’en inquiéter. Si nous n’étiquetons pas, nous risquons de penser à d’anciennes maladies, de prendre peur. Il faut rester patient et la sensation va s’estomper. Un corps qui fonctionne harmonieusement est en bonne santé. Mais des déséquilibres entre les éléments peuvent être dus simplement à la nourriture ou au climat. Si nous parvenons à nous calmer, nous pourrons observer de mieux en mieux, ce qui nous mènera à la sagesse et finalement à la libération.

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