Les cinq agrégats et l’origine de la souffrance

La noble vérité de la souffrance ne concerne que les êtres vivants. Les maisons, montagnes et arbres sont aussi impermanents, mais ils ne trouvent pas leur origine dans le désir. Les cinq agrégats, c’est l’univers entier : la matière, les ressentis (plaisants, déplaisants ou neutres), les perceptions (forme d’enregistrement de l’esprit pour reconnaître les objets rencontrés), les formations mentales (au nombre de cinquante : volition, effort, attention, sagesse, désir, etc.) et les consciences (qui se manifestent toujours avec les trois précédentes). Il y a une forme de volonté en nous qui vise à maintenir cette construction mentale (saṅkhāra (les formations mentales) signifie faire ou conditionner) en place, même si nous n’en avons pas conscience.

Ces cinq agrégats feront la plupart du temps l’objet d’attachement, soit par le désir avide, soit par les vues fausses. On parle alors d’agrégat d’attachement. Nous pouvons nous attacher à tout dans le monde, sauf aux consciences supramondaines. Nous pouvons expérimenter ces agrégats dans la pratique. Au moment de voir par exemple, il y a l’œil (la matière), la conscience visuelle, le ressenti agréable, désagréable ou neutre, la perception et le désir de voir ou de maintenir l’attention (formations mentales). Ces cinq agrégats sont présents lorsque nous entendons, sentons, goûtons, touchons ou pensons aussi. Dans vipassanā, tout devient objet d’attention. Le Buddha a déclaré qu’en bref, les cinq agrégats d’attachements étaient souffrance et que l’univers des êtres vivants représentait une masse de souffrance.

Pourquoi existent la souffrance, la renaissance, le vieillissement, etc. Les textes déclarent qu’il y a cette soif (taṇhā), cette avidité qui cause les renaissances, qui cherche constamment de nouveaux plaisirs, attachements, gratifications de-ci de-là. Cette deuxième noble vérité n’est pas facile à voir car nous ne possédons pas la connaissance du Buddha. Mais nous observons parfois des prodiges : des enfants capables de jouer des musiques très sophistiquées ou d’effectuer des calculs complexes. Il doit s’agir de compétences développées sur plusieurs vies. Certains se souviennent de vies antérieures.

Il existe trois formes de désir : ❶ le désir sensuel des objets expérimentés dans le monde. À l’approche de la mort, le souvenir d’un kamma accompli, de l’instrument utilisé pour l’accomplir ou un signe de la destinée vient à l’esprit du mourant qui s’y attache et cause ainsi une renaissance. ❷ le désir associé à la vue éternaliste. Certains croient en une âme ou une entité permanente qui va transmigrer vers un autre corps. ❸ le désir associé à la vue nihiliste. Certains ne croient ni aux vies passées ni aux vies futures mais ils n’en sont pas pour autant détachés des plaisirs de cette vie et devront donc aussi reprendre naissance.

Nous voyons que toutes les formes de désir causent la renaissance, mais en réalité, le facteur de l’ignorance est tout aussi important, car si nous voyions la nature réelle des choses, il n’y aurait pas de désir ou de renaissance.

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