Les cinq composantes de l’effort : la foi

Vipassanā, c’est être constamment attentif à tout ce qui se passe en nous, dès le réveil et jusqu’au coucher, essayer de voir que tout apparaît et disparaît. La compréhension dépend de l’attention et de la concentration. Il est important de développer ces deux facteurs et cela demande un gros effort ininterrompu. À la question du temps nécessaire pour parvenir à la compréhension, le Buddha a répondu qu’il fallait introduire cinq facteurs en soi : foi, santé, sincérité, effort héroïque et sagesse.

Le premier facteur, saddhā, est le plus important. Il faut avoir confiance en le Buddha, le Dhamma, le Sangha et en nous-mêmes. Quelle que soit l’activité entreprise, nous devons avoir confiance. Si les yogis ont abandonné leur confort pour venir au centre sachant que ce serait dur de se lever, de ne pouvoir choisir sa nourriture, etc., c’est parce qu’ils avaient confiance. Si la confiance du yogi est forte, il pratiquera de façon ininterrompue.

Il y a quatre types de confiance selon les commentaires :

❶ passaddha saddhā. Sans cette confiance, on doute de la méthode, de sa capacité personnelle, etc. et on ne vient pas au centre. Mais elle se perd facilement lorsque les conditions changent et deviennent négatives. On risque d’abandonner. Elle procède de la croyance en ce que nous avons entendu et rend l’esprit calme, paisible, clair et réceptif.

❷ okappanā saddhā. Elle est plus forte car elle procède de l’expérience directe et s’enracine dans la compréhension. Le yogi a goûté aux bénéfices, a purifié son esprit et s’est libéré en partie de la souffrance. Au plus on pratique, au plus on expérimente, au plus on comprend, au plus on croit.  Ce type de confiance résiste aux contretemps. Pour les méditants qui enchaînent les retraites, la pratique est devenue prioritaire. On dit de cette foi qu’elle circule dans le sang. Le yogi la gardera jusqu’à la mort. S’il a du temps libre, plutôt que de rechercher de la compagnie comme il est d’usage, il recherchera l’ami intérieur, le Dhamma. Ce type de confiance est assez fort pour mener au premier stade d’illumination.

❸ adhigama saddhā. Cette foi inébranlable s’acquiert au stade de sotāpanna et accompagne le yogi jusqu’à sa sortie du saṃsāra. Le sotāpanna est incapable d’accomplir des actes mauvais. Il préfère encore être tué que de tuer pour sauver sa peau, tant sa croyance dans le kamma est forte. Il ne reprend plus naissance dans les plans inférieurs. La lourde pierre du kamma passé ne peut plus l’entraîner au fond, comme s’il disposait désormais d’une barque capable de le faire parvenir à l’autre rive. La voie est très claire pour lui.

❹ āgamana saddhā. C’est la foi du bodhisatta. Elle ne nous concerne pas vraiment. Un bodhisatta fait vœu de sauver tous les êtres et son vœu est confirmé par un Buddha. Il ne pratique pas pour lui-même. Il ne peut renaître comme femme.

Une retraite d’une ou deux semaines permet seulement d’assimiler les instructions. Il est nécessaire de continuer à pratiquer ensuite, régulièrement.

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