Les cinq composantes de l’effort (suite) : la sagesse

Le cinquième padhāniyaṅga, c’est paññā, la sagesse. Paññā signifie expérimenter et comprendre en détail, dans la vie mondaine comme dans vipassanā. Voir de l’eau est une connaissance ordinaire, conceptuelle. Le scientifique qui sait que l’eau est composée d’hydrogène et d’oxygène possède une connaissance plus profonde, une forme de sagesse. Vipassanā amène une connaissance profonde de soi-même. Le yogi réalise les éléments à l’intérieur de lui, et il peut y parvenir en une heure. Il ressent de la chaleur (feu), du mouvement, des tensions, des poussées, des tiraillements, le lever du pied (air), de la dureté, de la douceur (terre), et il ne les ressent pas superficiellement comme dans la vie quotidienne. Au plus on voit, au plus on comprend.

Il y a trois types de connaissance : sutamayañāṇa (ce que l’on lit ou entend), cintāmayañāṇa (analyse réflexive, est-ce logique, est-ce possible), bhāvanāmayañāṇa (connaissance expérimentale). Seul le troisième type élimine le doute, mais il faut des années de pratique régulière et énergique pour la faire surgir. Comprendre en détail et étudier la vie est très difficile.

Où se trouve ce « je » que l’on présume si facilement ? Où est l’esprit ? Comment comprendre l’esprit en détail ? Il faut d’abord développer sutamayañāṇa, ce qui n’est pas trop difficile. L’esprit se compose des ressentis, des perceptions, des activités volitionnelles et des consciences. Il faut ensuite pratiquer pour comprendre en profondeur. C’est difficile ! Si on mélange différentes eaux ou différents fruits, il n’est pas facile ensuite de déterminer leur composition. On verra en pratique que l’esprit est très agité. Il faut le concentrer sans quoi nous  ne pourrons comprendre.

Si nous voulons atteindre l’illumination, il faudra voir les apparitions et disparitions des phénomènes, voir leurs caractéristiques individuelles (sabhāva lakkhaṇa) de chaleur, mouvements, etc. (les quatre éléments) et communes (samañña lakkhaṇā) d’impermanence, de souffrance et de non-soi.

Le Buddha donne cinq méthodes pour parvenir rapidement à cette compréhension :

❶ observer longuement pour voir clairement. Cela ne veut pas dire rester assis longtemps, mais maintenir l’observation toute la journée.

❷ pratiquer sans interruption. Se maintenir sur l’objet, dompter et contrôler l’esprit.

❸ observer de façon complète. Aller jusqu’au but sans abandonner, en dépit des difficultés.

❹ observer de façon respectueuse. Comprendre l’importance de ce travail et le respecter. Cette connaissance profonde nous sera particulièrement utile.

❺ avoir de l’intérêt pour la pratique, y prendre plaisir. Avec les douleurs au début, nous ne croyons pas que ce soit possible, jusqu’à ce que corps et esprit soient en harmonie. Dès que nous avons du temps libre, nous devrions le consacrer à la méditation.

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