Les cinq facultés

Si sampajāna est présent, le yogi voit les objets clairement ; à fond et complètement.  Afin de voir clairement, il faut mettre en œuvre les cinq facultés mentales :

– Saddhā : la confiance en la pratique, le Bouddha, le Dhamma et le Sangha. Celle-ci procède de la pratique. Il faut tenter de suivre l’objet, sans penser ou analyser : que devrais-je voir, quel est le but, etc. Si l’on parvient à noter de façon rapprochée, on pourrait remarquer quelque chose. Si l’on n’y parvient pas, l’esprit sera dispersé et envahi de pensées, la confiance ne pourra se développer. Le commentaire compare saddhā à une main sans laquelle on ne peut rien prendre ou à de l’argent sans lequel on ne peut rien acheter, ou encore à la terre qui, si elle est bonne, permet de faire de bonnes récoltes.

– Viriya : Il faut de l’énergie physique et mentale. J’ai déjà expliqué les trois types d’efforts : initial, successif et progressif.

– Sati : Il faut être attentif à chaque instant. Lors de l’assise, suivre si possible tous les mouvements de l’abdomen sans interruption. Il ne faut pas interrompre l’attention après l’assise, sans quoi on casse sati.

– Samādhi : Si on note l’objet présent, l’esprit percute l’objet à chaque instant et colle à l’objet. C’est la concentration momentanée : l’esprit ne va nulle part. À chaque note efficace, l’esprit est concentré l’espace d’un bref instant. Le fait de remarquer des choses, c’est la sagesse.

– Paññā : La compréhension ou le fait de voir complètement, à fond et parfaitement. Elle est de trois types : sutamaya-ñāṇa, cintāmaya- ñāṇa et bhāvanāmaya- ñāṇa. Le troisième type seulement amène la sagesse, comme il est dit dans le Dhammapada. L’analyse et la réflexion n’amènent pas la sagesse, pas plus que la connaissance apprise dans les livres ou de la bouche d’autrui.

Il faut que ces cinq facultés soient en équilibre. Trop peu d’énergie ne permet pas à la concentration de se développer. Une forte concentration peut résulter en un trop peu d’énergie. Dans ce cas, outre le soulèvement et l’abaissement, on notera aussi « assis » et « toucher ». Les yogis ne savent pas comment équilibrer les facteurs, le maître peut les guider. Trop de confiance peut faire perdre au yogi le sens de ce qui est approprié et de ce qui ne l’est pas et l’amener à agir aveuglément. Trop de connaissances peut l’amener à penser qu’il n’est pas nécessaire d’être attentif.

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