Les cinq indriya dans la phrase « ātāpī, sapajāno, satima »

Dans le Sīlavanta sutta, Sāriputta dit « un bhikkhu devrait pratiquer afin de voir les cinq agrégats d’attachement comme impermanents, douloureux, étrangers, une maladie, etc. ». Il y a le monde de la matérialité, des ressentis, des perceptions, des formations volitionnelles et des consciences. Il y a quatre mondes qui, dans le Mahāsatipaṭṭhāna sutta uddesa, correspondent aux quatre fondements de l’attention : kāyaloka, vedanāloka, cittaloka et dhammaloka.

On les pratique tels qu’ils se manifestent, sans choisir, car nous ne pouvons manquer l’objet présent. « Observer le corps dans le corps » ou « les ressentis dans les ressentis », etc., cela signifie qu’il faut être précis, on n’observe pas les ressentis dans le corps ou une personne dans le corps. Si on entend, on note « entendre ». Il n’y a pas d’individu, seulement un tympan, une vibration et une conscience qui apparaissent et disparaissent aussitôt. Il en va de même du soulèvement ou de l’abaissement de l’abdomen.

« ātāpī », renvoie à la chaleur du soleil capable de flétrir et de brûler les objets. Le yogi brûle les pollutions mentales, il ne ralentit pas l’effort, à l’instar du Buddha qui résolût de ne pas fléchir, même si son sang devait se dessécher. L’effort juste (sammā vāyāma) consiste à éviter les états mentaux négatifs, et à acquérir et cultiver les positifs. Sans l’effort, on ne peut résister. Se rendre à une retraite demande un effort. Pratiquer toute la journée aussi. Si on manque un pas ou l’autre à la marche, la concentration ne pourra se développer, engendrant la frustration.

« sampajāno ». Le yogi voit l’objet avec sagesse, à fond. Il voit le soulèvement distinctement de l’abaissement, il voit leur apparition et disparition. Il voit qu’il n’y a rien d’autre que l’objet et l’esprit qui le note. Mais cela se produit après quelque temps seulement. Certains yogis ne voient pas clairement, mais persistent. Au début, tout est mélangé, puis on perçoit les aspects de dureté, douceur, etc., puis l’apparition et la disparition.

« samādhi ». Le terme est implicitement présent dans le texte, car la claire compréhension n’est pas possible sans la concentration. Celle-ci maintient l’esprit et ses composantes unifiés sur l’objet. L’esprit se calme. Comme pour l’eau qui doit se décanter avant de pouvoir voir au travers, les empêchements sont tenus à l’écart et la compréhension peut émerger.

L’effort, l’attention et la concentration fonctionnent en groupe, comme trois amis qui s’entraideraient à cueillir les fleurs d’un arbre. C, la concentration, grimpe sur le dos de A, l’effort. B, l’attention, observe C et le stabilise pour l’empêcher de trembler.

Un cinquième facteur, la foi, n’est pas actif au moment de la pratique, mais est présent. Il ne s’agit pas d’une confiance aveugle mais de croire qu’il est possible de réaliser que l’objet est impermanent, impersonnel et insatisfaisant par la pratique. Les yogis sont très différents. Certains ont une forte confiance et pratiquent de façon respectueuse et continue. D’autres ont moins confiance et n’arrivent pas à pratiquer continuellement.

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