Les cinq indriyā et le premier facteur pour les renforcer

Premièrement, les 5 facultés sont toutes impliquées à chaque note mentale. Lorsqu’elles sont en équilibre, nous expérimentons le Dhamma. Lorsque l’on note le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen, si, ayant réalisé les connaissances vipassanā, on croit en la possibilité de réaliser le noble Dhamma, on le réalisera. Il faut déployer des efforts, rester sur l’objet sans oublier (sati), stabiliser l’esprit sur l’objet du début à la fin (concentration momentanée) et percevoir l’objet et l’esprit qui le note (paññā).

Deuxièmement, les 5 facultés se conditionnent mutuellement : lorsque l’on note soulèvement et abaissement, dans la mesure même où l’on est convaincu que l’on pourra réaliser nibbāna lorsque les conditions seront remplies et fermer définitivement la voie vers les renaissances inférieures, on déploiera des efforts en conséquence. Au plus grand l’effort, au plus sati sera fort et l’on pourra noter l’objet dès son apparition. À ce moment seulement, la concentration sera établie et l’esprit stabilisé. À cette condition seulement émergera la compréhension vipassanā. La concentration peut être comparée aux batteries d’une lampe torche : si elle est mal chargée, on prendra les tiges et les feuilles mortes pour des serpents et des crapauds.

Troisièmement, la première façon de renforcer les facultés est d’orienter l’esprit vers la dissolution de la matière et de l’esprit, sans pour autant la noter. On peut voir que le soulèvement ne continue pas dans l’abaissement et l’on sait donc qu’il prend fin même si on ne la perçoit pas encore. Ainsi l’esprit s’aiguisera de plus en plus en raison de l’effort fourni. À terme, on percevra la disparition graduelle et fugace de la matière et finalement de l’esprit qui note. Les dissolutions sont rapides (anicca) et il est fatiguant de les suivre (dukkha). On aimerait les empêcher mais ce n’est pas possible car elles obéissent à leurs propres causes (anatta). Dans le cas de la marche, on voit que le mode « lever » ne se poursuit pas dans le mode « avancer » le pied. À ce moment, en inclinant l’esprit vers la dissolution on finit par percevoir que le « lever » disparaît par étapes et de façon fugace. L’esprit qui note disparaît aussi. Il est possible de réaliser le noble Dhamma même au cours de la marche. Quoi que nous notions, nous pouvons expérimenter la dissolution. Parmi les 9 façons d’aiguiser les facultés, la place d’honneur a été réservée à cette première façon par les commentateurs.

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