Les cinq padhāniyaṅga et la réalité ultime

Les cinq padhāniyaṅga sont les attributs de celui qui est capable de mener la pratique à son accomplissement. Une telle personne peut atteindre la libération dans cette vie même :

❶ Une foi associée à la compréhension. Il faut croire en l’historicité du Buddha, son enseignement et sa communauté, mais surtout en la pratique, la méthode, les instructions et le professeur.

❷ Aujourd’hui personne n’est en parfaite santé mais si nous parvenons à digérer la nourriture, notre santé est suffisante. Il est recommandé de pratiquer jeune, mais jeunesse ne rime toutefois pas toujours avec santé.

❸ L’honnêteté et le courage de révéler nos points faibles, d’admettre nos défauts afin que le maître puisse nous corriger, comme un médecin qui demande à son patient s’il a bien suivi la prescription et peut adapter le traitement en fonction.

❸ L’effort de noter l’objet sans considération pour sa vie ou son corps, de maintenir l’esprit alerte en ne manquant aucun objet. Il faut déployer trois types d’efforts : l’effort ardent du démarrage pour s’arracher aux pollutions mentales comme la fusée s’arrache à la gravitation, l’effort renforcé ou persistant et l’effort culminant ou développé. Les personnes paresseuses se plaignent et quittent souvent la retraite prématurément. Il faut s’efforcer d’observer l’objet primaire, l’abdomen ou les pas, du début à la fin. Un pratiquant qui tantôt fournit un effort, tantôt papote et tantôt rêvasse sera déçu de ne pas progresser. Celui qui note sans interruption au contraire sera content.

❺ En fournissant cet effort nous verrons les apparitions et disparitions et goûterons le Dhamma. Nous n’aurons alors plus besoin d’être stimulés par l’instructeur.

Nous devons examiner pour nous-mêmes si nous possédons ces qualités.

Avant de voir les apparitions et disparitions, nous étiquetons les phénomènes à l’aide de concepts (paññatti) et peu à peu nous percevons la réalité ultime (paramattha), c’est-à-dire ce qui possède ses caractéristiques propres ou ce qui peut être expérimenté directement, non par l’étude ou par ouï-dire, et offre une source de connaissance plus fiable. Ces réalités ultimes sont incluses dans quatre catégories : l’esprit, les états mentaux, la matérialité et la cessation des phénomènes. Ainsi, en fermant le poing et en le serrant, nous verrons des caractéristiques physiques de tension, chaleur, etc., qui changent à chaque instant, et des caractéristiques mentales telles que la prise de conscience, l’intention de desserrer le poing si cela devient inconfortable, etc. Il faut observer les phénomènes au moment précis où ils se manifestent, sans quoi nous ne les verrons pas.

La colonne de fourmi illustre la différence entre concept et réalité : de loin, nous voyons une ligne noire (nāma paññatti) que nous prenons éventuellement erronément (sammoha paññātti) pour une forme continue de corde (santānapaññāti) en nous rapprochant, nous voyons que la corde bouge et finalement nous voyons les fourmis individuelles. Les concepts de solidité et de forme disparaissent. Au début, les concepts de forme et de manière sont très évidents. Lorsque les concepts apparaissent, la réalité ultime s’estompe et inversement dit l’adage.

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