Les cinq soutiens à la pratique

Cinq soutiens (anuggahita) protègent notre pratique. La pratique de vipassanā peut être comparée au jardinage. L’attention est la graine. Nous la plantons pour avoir un arbre qui donnera les fruits de la concentration et de la connaissance.

❶ Sīlānuggahita. La protection de la moralité prévient les fautes graves d’ordre physique ou verbal. Elle agit comme une clôture  autour de l’arbre. Si l’arbre n’est pas totalement gardé ou s’il est cassé, il ne donnera pas de fruits.

❷ Sutānuggahita. L’information correcte amène une pratique correcte. Les yogis doivent entendre des enseignements. Comme l’eau, il en faut une juste mesure. Trop ou trop peu d’eau entraînent la mort de la jeune pousse.

❸ Sākacchānuggahita. Il faut mettre en pratique ce qui a été entendu et, ensuite, en faire rapport à l’entretien afin d’obtenir un retour. Il faudrait rendre compte des trois pratiques de la journée: la méditation assise, en marche et dans les activités quotidiennes. Il ne faudrait pas écourter la méditation en marche car elle soutient la méditation assise. Dans l’image de la jeune pousse d’arbre, cette protection représente la terre. Il n’en faut pas trop peu pour ne pas exposer les racines ni trop, afin qu’elles ne soient pas écrasées. Elles ont besoin d’espace pour se développer librement. Si le yogi expose ce qui reste obscur à ses yeux ou ses difficultés, il peut pratiquer avec un esprit libre et clair. Le yogi doit indiquer le nombre d’heures d’assise et de marche. Il est important de commencer son rapport en parlant de l’objet primaire: l’abdomen à l’assise et les pas à la marche. Pour chaque objet, il n’y a que trois choses: 1) l’objet apparaît, 2) avons-nous pu le noter, rester avec l’objet du début à la fin et 3) qu’avons-nous remarqué? Il faut fournir un effort pour amener l’esprit à l’objet et le saisir et il faut aussi le viser correctement. Si des pensées apparaissent, il faut en rendre compte aussi de la même façon. Si des douleurs apparaissent, il faut pouvoir indiquer si elles ont augmenté, diminué, cessé, etc. Lorsque nous pourrons pratiquer de cette façon, notre concentration s’approfondira.

❹ Samathānuggahita. Afin de prévenir les empêchements (nīvaraṇa), il faut observer chaque objet qui apparaît avec une attention continue. L’avidité, la colère, etc. ne peuvent affecter un esprit concentré sur l’objet. Parfois, le yogi prête attention à l’objet mais ne l’atteint pas. Parfois, il est concentré mais son esprit n’est pas frais et la somnolence l’envahit. Parfois, il est assailli de doutes (vicikkicchā). Dans l’analogie de l’arbre, on empêche les insectes d’approcher mais, s’ils sont déjà sur l’arbre, on les empêche de le manger. Les empêchements font obstacle à la clarté et à la paix de l’esprit. Si on s’attache aux bonnes expériences aussi, la méditation va stagner, comme empêtrée dans des toiles d’araignées. Tout comme on évite de s’attacher à une méditation qui est faible, on évite de s’attacher à une méditation devenue forte. Il faut donc arracher les mauvaises herbes et à ce moment seulement, vipassanā deviendra vraiment fort (balava vipassanā)

❺ Vipassanānuggahita. Lorsque samathānuggahita est bien établi, la connaissance apparaît et protège la pratique. La connaissance est comme la lumière qui nourrit l’arbre. Ces deux dernières protections sont celles qui concernent le plus directement le pratiquant.