Les connaissances vipassanā

L’objectif de cet enseignement est de permettre aux yogis d’évaluer leurs progrès.

❶ nāmarūpaparicchedañāṇa. L’attention est forte, le corps transpire, il y a des douleurs mais le yogi fournit un effort énergique pour les noter, il est conscient du vagabondage, parfois même de l’instant où l’esprit s’apprête à vagabonder. Il distingue phénomènes matériels (rigidité, mouvement, cohésion, chaleur, etc.) et mentaux (tristesse, joie, ennui, etc.). Il élimine temporairement la vue fausse de l’ego et comprend par expérience directe et intuitive, sans passer par la théorie.

❷ paccayapariggahañāṇa. Le yogi comprend la causalité : c’est la sensation de chatouillement qui éveille l’intention de gratter ; la présence de l’attention judicieuse (yoniso manasikāra) qui permet de saisir l’intention de penser, etc. À ce stade, le yogi comprend que toutes ces activités physiques et mentales sont dues à un kamma passé et il élimine les doutes par rapport aux vues fausses du créateur ou de l’absence de cause des phénomènes (kaṅkhāvitaraṇavisuddhi). Il devient un cūḷa sotāpanna et est assuré d’une bonne renaissance.

❸ sammasanañāṇa. Les mouvements du pas et de l’abdomen sont discontinus. C’est la connaissance de la compréhension car le yogi expérimente de façon répétée l’impermanence, le caractère déplaisant, conditionné et insubstantiel des phénomènes. Il est impossible d’échapper à la succession oppressante des objets. Les vues fausses de la permanence, du caractère plaisant et d’une entité permanente capable de contrôler ces dissolutions sont éliminées. L’orgueil et la vanité sont réduits.

❹ udayabbayañāṇa. La connaissance des apparitions et disparitions. L’attention est très ferme et vive. Le yogi ne doit plus fournir tant d’efforts. Il expérimente peut-être de la lumière, une joie intense, une impression de flotter à la surface des vagues, des frissons. Il en retire une très forte foi. Mais il peut s’attacher à ces expériences inhabituelles qui bloqueront alors sa progression (upakkilesa).

❺ bhaṅgañāṇa. Ces expériences inhabituelles, la joie, etc. disparaissent. Le yogi ne voit plus que la disparition des phénomènes. Il ne voit plus la forme de son abdomen. Les objets ne se déplacent plus mais disparaissent là même où ils sont apparus. L’objet et l’attention à celui-ci disparaissent en paire. Le yogi ne voit plus rien d’agréable dans les objets.

❻ bhayañāṇa. Ne voyant que des dissolutions, il prend peur.

❼ ādīnavañāṇa. Le dégoût

❽ nibbidāñāṇa. Il se lasse de l’existence. Il n’y a rien d’un ‘je’, d’un ‘tu’, d’un ‘fils’, d’un ‘père’, etc. Les yogis font de très longs rapports car ils pensent que la pratique se détériore.

❾ muñcitukamyatāñāṇa. Désir de délivrance.

⓫ saṅkhārupekkhāñāṇa. Le yogi reprend son effort et parvient à nouveau à tout noter facilement. L’esprit ne se laisse perturber ni par le triste ni par le désirable. Il ressent une paix mentale similaire à celle de l’arhat. De là, il réalise la connaissance de l’adaptation (anulomañāṇa) et puis du chemin (magga) et du fruit (phala) où les phénomènes physiques et mentaux s’arrêtent. Cette expérience transforme l’esprit définitivement. Il y a quatre niveaux d’illumination dont le premier est celui de sotāpanna, l’entrée dans le chemin.

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