Les consciences sont dépourvues d’Ego

Dans l’anattalakkhaṇa sutta, le Buddha demande : “viññāṇaṃ niccaṃ vā aniccaṃ vā”ti? Et les bhikkhū répondent : “aniccaṃ, bhante”. On préfère généralement le terme esprit à conscience. Celui-ci comprend les volitions, les désirs, la colère, etc. Si on ne note pas l’esprit au moment où il apparaît, on le croit permanent, on pense que c’est le même esprit qui voit, entend, goûte, etc., qu’il existe depuis la jeunesse et perdure jusqu’à la mort, voire transmigre vers une autre existence.

Mais le yogi note tous les phénomènes physiques et mentaux qui apparaissent. Les pensées, une fois notées, disparaissent et le yogi réalise pour la première fois qu’il n’avait jamais vraiment observé l’esprit, si c’est un son, une odeur, une saveur, un toucher, il note « entendre », « humer », « goûter », « sentir » et voit que ces consciences apparaissent et disparaissent de façon répétée. Quand la concentration est forte, la vision apparaît comme une série d’événements distincts. L’esprit qui désire se lever, bouger, aller, etc. apparaît et disparaît constamment. L’esprit qui note aussi.

En écoutant le sermon du Buddha, les 5 bhikkhū voyaient une succession de consciences visuelles, auditives, tactiles, etc. et ils répondirent au Buddha que les consciences étaient impermanentes, souffrance et qu’il n’était pas juste de les considérer comme « ceci est mien, je suis ceci, ceci est mon ego ». Les yogis qui pratiquent assidûment peuvent répondre à ces questions aussi.

Comment s’attache-t-on à l’esprit et aux pensées ? Par manque d’attention, on le croit permanent, on aime cet esprit qui a existé dans le passé et existera dans le futur. C’est l’attachement par la convoitise. Mais le yogi qui note ne s’en réjouit plus, ne les recherche plus.

Le yogi inattentif pense que l’esprit précédant et suivant sont les mêmes. Il pense que l’esprit possède toutes sortes de qualités : « je comprends », « je ne suis pas confus », « j’ai un esprit courageux ». C’est l’attachement par l’orgueil. Mais si on note, il n’y a pas d’orgueil et il en va de même à la mort.

« C’est moi qui pense, qui marche, qui agit, qui désire penser ou agir ». C’est l’attachement à l’Ego comme acteur (kāraka atta), comme entité permanente (nivāsī atta), comme Sati du temps du Buddha. On s’attache à l’idée que les pensées sont contrôlables, c’est l’Ego comme décideur.

En réalité, les consciences, visuelle, etc., apparaissent en vertu de conditions. On aimerait avoir un esprit positif au cours de la méditation, mais il ne dure pas. La conscience n’est pas un Ego, mais un simple phénomène. Sommes-nous capables de noter la pensée qui apparaît alors que nous observons l’abdomen, la sensation de chaleur, le désir de changer de posture, la raideur, etc. ? Une fois notées, les consciences, visuelle, auditive, olfactive, gustative ou tactile, disparaissent.

Page précédente