Les dernières connaissances vipassanā

Hier, nous avons parlé de saṅkhārupekkhāñāṇa, la connaissance de l’équanimité par rapport aux formations (càd toutes les activités de la journée). C’est un stade très mûr. Cela peut prendre du temps d’y parvenir. Le progrès sur la voie dépend de deux facteurs : les pāramī (les actions positives accumulées au cours d’existences passées) et le développement des facultés de contrôle, les cinq indriya, en particulier l’effort. Ce stade est le plus avancé pour un puthujjana. À ce stade, le méditant ne fait plus d’expériences extraordinaires avec des images etc. Il est très calme et peut méditer longtemps. Ce stade est donc très positif, mais ce n’est pas fini pour autant.

À ce stade, le méditant doit essayer de ne pas nourrir d’attentes pour la réalisation du chemin (ariya magga). C’est l’un des deux obstacles empêchant précisément sa réalisation. S’il y a beaucoup de désir, il faudra beaucoup de temps. Pour devenir un Buddha ou un pacceka buddha, il faut plusieurs ères cosmiques. Pour devenir un des principaux disciples d’un Buddha (aggasāvaka), comme Sāriputta ou Moggallāna, il faut beaucoup de temps.

L’autre obstacle empêchant le progrès à ce stade, ce sont les fautes majeures éventuellement commises dans le passé : tuer son père ou sa mère, tuer un arhat, blesser un Buddha ou causer un schisme dans le saṅgha.

Au stade de magga, la réalisation du chemin, le méditant devient un noble disciple (ariyasāvaka), il n’est plus un puthujjana. Avant d’y parvenir, le méditant, désormais très mûr, sent que la réalisation est proche. Le flux de conscience passive (bhavaṅga) est interrompu par la conscience qui se tourne vers l’objet. Viennent ensuite trois consciences : préparation, accès et conformité (anuloma). L’esprit se conforme ou s’aligne sur la vérité, autrement dit, nibbāna. Le méditant passe ensuite au stade de gotrabhu, le changement de lignée. Il fait l’expérience du chemin mais n’est pas encore sotāpanna. Au stade de magga, le yogi comprend les quatre nobles vérités, il les voit dans leur entièreté alors qu’il n’en avait qu’une vague idée auparavant. L’instant suivant, il revient dans un état de conscience ordinaire et expérimente le fruit. Il est entré dans le courant de la délivrance, est installé dans le chemin juste. Des millions de gens l’ont fait depuis le temps du Buddha.

Vient ensuite la connaissance de la remémoration. Le yogi se remémore le chemin, le fruit et nibbāna. Il considère les pollutions mentales éliminées et celles qui restent à éliminer. Magga remplit quatre fonctions : comprendre complètement dukkha, abandonner la cause de dukkha (le désir), réaliser nirodha, la cessation et développer le noble octuple sentier. Aux quatre stades de magga (sotāpatti, sakadāgāmi, anāgāmi et arahatta), le yogi considère les pollutions abandonnées et celles qui restent à abandonner.

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