Les différentes formes d’attachement à atta

Le Buddha nie l’existence d’un atta. Atta se traduit par âme ou soi mais possède un grand nombre de significations dans les écritures hindoues :

① Le noyau, l’essence, la partie pure, réelle ou durable, comme la partie dure d’un arbre. ② celui qui détient l’autorité, est son propre maître (saññāvasī), résidant en nous mais distinct de nous ③ l’agent des actes bons ou mauvais et le sujet des souffrances et des plaisirs ④ une âme ou entité spirituelle à l’intérieur de chacun. L’atman individuel éternel qui voyage d’un corps à l’autre et l’atman suprême (Brahma).

Il existe quatre façons de s’attacher au moi : ❶ sāmi atta, la croyance en une entité vivante à l’intérieur du corps qui donne des directions. L’anattalakkhaṇasutta a été délivré aux cinq bhikkhū qui avaient déjà surmonté l’attachement à l’ego spécifiquement pour contrer ce type de vanité (asmimāna) qui n’est entièrement éliminé qu’au stade d’arhat. ❷ nivāsī atta, la croyance en la persistance d’une entité dans le corps de la naissance à la mort (vue fausse de l’annihilation après la mort – uccheda diṭṭhi) ou au-delà de la mort (vue fausse de l’éternalisme – sassata diṭṭhi) ❸ kāraka atta, la croyance liée à l’agrégat des saṅkhārā qu’une âme influence tous les actes physiques, verbaux et mentaux. ❹ vedaka atta, la croyance liée à l’agrégat des vedanā d’un soi qui ressent des expériences agréables, désagréables ou neutres.

En réalité, rien n’échappe à la destruction. Rien n’existe hormis la combinaison des cinq agrégats, qui sont en interaction et dépendent les uns des autres, si ce n’est l’inconditionné (asaṅkhata). Les yogis observent ces cinq agrégats lorsqu’ils notent tous les objets aux six portes des sens. Au début, il faut observer quelques objets seulement, noter « assis », conformément au mahāsatipaṭṭhāna sutta (nisinno vā nisinnomhīti pajānāti) en observant la nature de la raideur et de la résistance. Si c’est trop facile, noter alternativement « assis, toucher ». Les mouvements de l’abdomen apparaissent de façon plus prononcée. À terme, le yogi perçoit la raideur, le relâchement, etc. Il étudie la manifestation, la fonction et la cause proche de l’élément « air » conformément aux au Visuddhimagga. Mais l’objet primaire ne couvre pas l’entièreté des instructions du mahāsatipaṭṭhāna sutta : si des pensées apparaissent, des douleurs, du froid, etc., il faut les noter (cittānupassanā et vedanānupassanā). Il faut noter scrupuleusement le mouvement lors du passage à la posture statique après l’assise, mais aussi chaque segment du pas, extension ou flexion d’un membre, même un clignement d’œil. S’il n’y a rien à noter, il faut revenir à l’objet primaire.

Si le désir de bouger apparaît, il faut noter ce désir, développer la patience et la tolérance face à l’inconfort et ne bouger que si notre détresse devient insupportable, très doucement et attentivement. Cette pratique n’est pas erronée et permet de développer l’attention, comme le bodhisatta la veille de son illumination qui résolut de rester immobile dussent son sang et sa peau se dessécher. C’est l’effort juste (sammā vāyāma).

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