Les douleurs

sukhaṃ vedanaṃ vedayamāno ‘sukhaṃ vedanaṃ vedayāmī’ti pajānāti. Les instructions pour les ressentis sont : lorsqu’il expérimente un ressenti agréable, désagréable ou neutre, le yogi le sait. Alors que nous tentons de rester immobile et de suivre les mouvements de l’abdomen, tôt ou tard des douleurs, engourdissements, fatigues, etc. vont apparaître. C’est un objet secondaire d’attention. Comme pour l’abdomen, il faut comprendre leur nature impermanente, insatisfaisante et impersonnelle. Il faut observer l’endroit où se manifeste la douleur attentivement et précisément. S’il est patient, le yogi voit les sensations désagréables s’intensifier et risque de ne plus noter car il prend peur. Mais il faut poursuivre l’observation. Si le mécontentement, l’irritation, la colère ou le découragement apparaissent, ils deviennent notre objet d’attention (cittānupassanā). Le yogi ne choisit pas la base d’attention à observer. S’il continue à noter, il verra peut-être la sensation diminuer d’intensité, se déplacer, disparaître pour réapparaître ensuite, etc. Au début, le yogi ne peut se montrer patient même si on le lui demande. Pour surmonter les douleurs, il faut déployer les trois types d’effort : initial, moyen et suprême (ārambha, nikkamma et parakkama dhātu).

Le yogi expérimente une grande variété de douleurs, tensions, raideurs, etc. Après dix ou quinze minutes, une douleur au genou devient ainsi brûlure, puis dureté, etc. Si le yogi paraît fatigué, amorti, les traits tirés et parfois fâché à l’entretien, cela témoigne de l’authenticité de son expérience. Le professeur doit l’encourager. Même si la douleur ne disparaît pas mais que le yogi ne bouge pas de l’heure et ne regarde pas l’horloge, sa confiance va en sortir renforcée car il ne s’en croyait pas capable. La douleur l’incommode moins et son esprit est moins sensible à la douleur, plus stable. Il s’est habitué à la douleur. Il peut voir facilement les douleurs disparaître les unes après les autres en les notant. Même si des douleurs grossières et intenses se manifestent, son esprit reste fixé dessus sans décoller, et il commence à aimer les sensations désagréables.

Il est demandé de ne rien espérer mais c’est très difficile. Nous désirons que la sensation douloureuse disparaisse (lobha) ou alors nous décidons fermement de la faire disparaître (dosa). Il n’est pas possible d’expérimenter ainsi leur caractère impermanent, insatisfaisant et impersonnel.

Si la douleur ne disparaît pas, nous pouvons revenir à l’abdomen et l’observer de loin. Nous verrons que la douleur est moins forte que nous pensions. Dès que nous sommes capables d’observer la douleur de façon continue sans penser, nous nous sentons bien, et ce confort, c’est le ressenti agréable. L’attention est renforcée et ne voit plus la forme extérieure. Au plus nous notons la douleur, au mieux nous comprenons qu’elle n’est pas solide. Quand nous la voyons disparaître au début, il y a de l’excitation en nous, mais celle-ci diminue avec le temps. Nous expérimentons alors les ressentis neutres.

Le pratiquant samatha ne voit pas les trois types de ressentis. Quand il pense, il ne doit pas noter, et ne comprend donc pas la nature des pensées.

Page précédente