Les huit délivrances (niyyāna āvaraṇa)

Le terme « yogi », désigne quelqu’un qui détient l’effort qui lui permet de pratiquer et de développer son esprit, sa connaissance et sa sagesse, par la méditation. Il y a 3 types d’effort:  1) l’effort initial, fourni au début d’une retraite; 2) l’effort accru: un peu plus puissant, il va permettre au méditant de surmonter les obstacles; 3) effort progressif: il va se développer progressivement tout au long du cheminement vipassanā, jusqu’à l’atteinte du but final.

Cet effort est appelé instrument de désincarcération; il va permettre au yogi de se désincarcérer de quelque chose qui le maintenait bloqué; et ce qui le maintenait bloqué, ce sont les obstacles, niyyāna āvaraṇa en pali; āvaraṇa veut dire obstacle, niyyāna signifie ‘sortie, soulagement, délivrance’.

Il y a 8 sortes de niyyāna et 8 sortes de āvaraṇa; le 1er niyyāna est nekkhamma: le renoncement; le 2e c’est avyāpāda: l’absence de colère; le 3e est alokasaññā: l’observation répétée de l’objet d’attention de façon à ce qu’il devienne très clair; le 4e est avikkhepa: avoir l’esprit calme; le 5e est dhammavavatthāna: savoir distinguer entre ce qui est positif (kusala) et négatif (akusala); le 6e est ñāṇa: connaissance des phénomènes physiques et mentaux dans leur réalité et connaissance de leur relation de cause à effet; le 7e est pāmojja: satisfaction, contentement et le 8e est kusala dhamma.

Il y a huit obstacles: 1) kāmacchanda: le désir sensuel; 2) vyāpāda: la colère, le mécontentement; 3) thīna-middha: la torpeur, la paresse, le manque d’énergie mentale; 4) uddhacca-kukkucca: l’agitation et le remord; 5) vicikicchā: le doute; 6) avijjā: l’ignorance, les vues fausses; 7) arati: l’aversion, le déplaisir; 8) akusala dhamma.

La 1re paire est donc nekkhamma / kāmacchanda. Nekkhamma a 5 significations: pabbajjā, 1er jhāna, nibbāna, vipassanā et kusala dhamma. Pabbajjā signifie renoncer, se retirer du monde pour vivre d’une façon différente, comme un moine, une nonne, un ermite ou un yogi. Dans le contexte d’une retraite, le yogi abandonne temporairement ses affaires mondaines et se retire dans un centre de méditation pour pratiquer la méditation satipaṭṭhāna vipassanā de façon intensive avec l’objectif d’éradiquer les causes de la souffrance: l’avidité, la colère et l’ignorance ou rāga, dosa et moha.

Quand nous pratiquons, nous plaçons l’esprit sur le corps et nous essayons d’observer l’objet qui apparaît, tel qu’il est, sans interruption. Un yogi qui observe de cette façon encore et encore, se libère progressivement des obstacles, et en particulier du désir sensuel.

Quand le yogi atteint le stade appelé sammasanañāṇa, l’absorption vipassanā apparaît ainsi que les facteurs suivants: vitakka (application de l’esprit), vicāra (maintien de l’esprit sur l’objet), pīti (joie), sukha (bonheur), ekaggatā (fixité de l’esprit).

C’est pour cette raison que le 1er jhāna est aussi appelé nekkhamma.