Les jhānaṅga et la réalité ultime

  • Le champ d’observation ressemble à des cultures à perte de vue au sein desquelles on peut observer de petits détails, comme le soulèvement et l’abaissement. Au moment du soulèvement, il faut déployer l’effort (viriya) et la capacité à viser l’objet (vitakka). Le premier chauffe graduellement l’esprit et le détourne de la froideur, de la mollesse et de la paresse. Le second ajuste l’effort pour qu’il ne soit ni excessif, ni insuffisant, fait fleurir l’esprit et l’empêche de se contracter, de s’émousser et de somnoler. La présence de ces deux qualités amène inéluctablement l’attention (sati), qui, une fois continue, rend l’esprit ferme et recueilli sur l’objet, et le garde contre les pollutions mentales (rakkhāvaraṇagutti) lui apportant la liberté (mutti). Le propre de sati, c’est de coller à l’objet. Avec sati, la concentration (samādhi) ne peut que s’établir, amenant la pureté de l’esprit. Le propre de samādhi, c’est un esprit unifié sur l’objet. Samādhi est une condition pour une purification plus durable issue de la compréhension. Avec la concentration, l’esprit cesse provisoirement de vouloir, d’être insatisfait, en colère. L’expression ekāyano maggo signifie précisément que cette voie unique, sans bifurcation, de satipaṭṭhāna mène sûrement à la purification. La pacification des empêchements (nīvaraṇa), c’est samatha. Elle est rendue possible par la présence de viriya, sati et samādhi.
  • Samatha élimine les obstacles tels que le désir (rāga) et l’aversion (dosa). (paccanākadhamme sametīti samatho) À chaque prise de note une conscience de type samatha a lieu, sur une heure, cela peut faire beaucoup. Chaque conscience de ce type est un fondement pour la connaissance.
  • Nous en venons ainsi à dépasser la réalité conventionnelle et à connaître la réalité ultime. Les concepts de forme tels que père, mère, vêtements pour homme, bras, jambes, etc. et de manière tels que étendu, assis, etc. existent réellement, mais ils passent graduellement au second plan. D’un point de vue ultime, la matière est composée de 4 éléments : pathavi-dhātu, āpo-dhātu, tejo-dhātu et vāyo-dhātu. La terre est un concept, mais on peut ressentir dureté, douceur (s’il y en a moins) ou fermeté. L’eau se manifeste comme adhérence, fluidité, cohésion ou solidité. Il faut penser à l’effet de l’eau sur la farine. Le feu se manifeste comme chaleur, froid ou légèreté. L’air se manifeste comme support, raideur, constriction, mouvement, poussée. Le corps compte 32 parties dont 20 solides et 12 liquides. Il existe six types d’air dans le corps (ascendant, descendant, gastrique, intestinal, qui parcourt les membres, respiratoire). Les 4 éléments sont inséparables. Ces natures véritables du corps, comme celles de l’esprit, apparaissent et disparaissent. Lorsque les réalités ultimes apparaissent, les concepts disparaissent. À un moment donné, elles s’imbriquent l’une dans l’autre, on perçoit par exemple forme de l’abdomen et tension en même temps.
  • Le facteur qui permet à l’esprit de se frotter à l’objet est vicāra (l’application soutenue de l’esprit). Il apparaît grâce à l’effort et à la capacité de viser l’objet. À ce moment, l’esprit ressent de la joie (pīti) qui est l’opposé direct de la colère.

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