Les méditations protectrices: qualités du Buddha et mettā

Tout comme nous avons besoin de protections et d’un lieu protégé pour travailler, nous avons besoin de protections pour la pratique de vipassanā. Les quatre méditations protectrices (ārakkhabhāvanā) sont buddhānussati, mettābhāvanā, asubhabhāvanā et maraṇasati.

Buddhānussati, c’est la remémoration des vertus du Buddha. En pratiquant vipassanā, nous donnons la priorité au Dhamma, mais nous en venons ainsi progressivement à apprécier les qualités du Buddha.

L’hommage au Buddha que nous récitons tous les jours (namo tassa bhagavato arahato sammāsambuddhassa) contient trois qualités spéciales, mais nous pouvons en retenir une seule: arahato. Cela signifie qu’il a éliminé totalement toutes les pollutions mentales (kilesa) qui lui ont nui tout au long de son errance dans le saṃsāra. Les autres arhats aussi les ont éliminées mais chez le Buddha, il n’y a même plus de résidu (vāsanā) ou de traces de son comportement physique ou verbal antérieur. En général, on retrouve chez les arhats ces traces comme on retrouve l’arôme de l’alcool dans une bouteille vide même si elle a été lavée. Cette qualité gagne automatiquement au Buddha le respect. Dans la mesure où nous pratiquons, notre esprit aussi devient clair et pur. Les préceptes rendent notre comportement physique et verbal pur. La pratique de la concentration rend notre esprit pur et, à travers la sagesse, nous abandonnons nos attachements et gagnons la paix. À ce moment-là, nous ressentons de la révérence pour le Buddha.

Comment se remémorer les qualités du Buddha? Il faut seulement se souvenir qu’il a éliminé tous les kilesa. Si l’on veut se faire une idée du nombre de qualités possédées par le Buddha, on peut se figurer un jardin de fleurs dans lequel on cueillerait une fleur pour sentir son arôme. On voudrait ensuite en cueillir une autre et puis une autre encore. De cette façon, on en n’aurait jamais assez et il ne nous resterait plus de temps pour pratiquer.

Lorsque nous nous remémorons les vertus du Buddha, notre esprit est pur. Un tel esprit empêche la peur de nous gagner ou, si la peur est déjà présente, elle est chassée.

Mettābhāvanā, c’est le développement d’un esprit bienveillant qui souhaite le bien de tous les êtres, même les plus minuscules. Un tel esprit est pur et apporte 11 bénéfices, notamment un sommeil et un réveil paisible, sans cauchemar. Les autres êtres nous retournent en outre notre bienveillance, ce qui nous apporte la sécurité. Un tel esprit est concentré et permet une renaissance dans les plans célestes. Par ailleurs, il peut fournir une bonne base pour vipassanā et mener à la libération.

Il faut réciter: « puissent tous les êtres être libres du danger et de l’hostilité, être libres de la détresse, de la souffrance physique et être en mesure de prendre soin d’eux-mêmes facilement. Lorsque nous sommes hors de danger, c’est souvent grâce à mettā, même si nous n’en avons pas conscience. Nous devrions pratiquer mettā tous les jours. Comme notre bienveillance incite les autres à éviter de nous nuire, cette méditation est aussi qualifiée de protectrice.