Les perceptions et les volitions sont impersonnelles

Dans l’anattalakkhaṇa sutta, le Buddha demande aux cinq bhikkhū de contempler les perceptions (saññā) selon onze aspects (passé, présent, futur, etc.) afin de faire ressortir leur caractère impermanent, pénible et impersonnel. Les perceptions des vies, des mois ou même des secondes qui précèdent ont complètement cessé d’exister, mais les gens, très attachés au moi, pensent que c’est le même moi qui reconnait dans le passé et à présent.

Les yogis doivent être alertes et noter les sons, pensées, etc. dès qu’ils les perçoivent, observer qu’ils ne durent qu’un bref instant, et qu’ils continueront de disparaître sitôt apparus. Les perceptions du passé ne se perpétuent pas dans le présent et celles du présent, dans le futur. Au cours de la pratique, le yogi réalise qu’il y a des perceptions internes, externes, grossières, raffinées, inférieures, supérieures, éloignées ou proches.

Le quatrième agrégat, les saṅkhārā, comprend les 50 autres facteurs mentaux (cetasika). Ce sont les forces motivantes derrières nos actes physiques, verbaux ou mentaux. Ils sont responsables des 4 postures par exemple, comme s’ils nous donnaient des commandements auxquels nous obtempérons : « assieds-toi ! », « étends ton bras ! », « souris ! », « pleures ! », « dis ceci ! », « vois ! », « entends ! », etc.

Les saṅkhārā des existences passées ne sont pas parvenus jusqu’à celle-ci, ils ont péri là-même où ils sont apparus. Mais les gens entretiennent des vues fausses et croient en un agent éternel. Si on observe constamment le corps et l’esprit, que l’on note par exemple le désir de se gratter, de s’étirer, etc. on verra que le désir disparaît aussitôt noté. Les saṅkhārā du passé, du présent et du futur sont tous impermanents, pénibles et impersonnels. Les éventuelles mauvaises actions accomplies dans l’enfance, par manque de connaissance, ont cessé d’exister, les bonnes actions que nous accomplissons au cours de cette retraite grâce aux parents, aux professeurs, au Buddha et au Sangha n’existeront plus dans le futur. Pendant la marche, le désir d’avancer le pied droit ne se prolonge pas dans celui d’avancer le pied gauche. Les saṅkhārā périssent au moment même où ils apparaissent. En comprenant nos saṅkhārā, nous pourrons comprendre ceux des autres et de l’univers entier.

Les saṅkhārā externes portent sur les objets externes, par exemple le désir d’acquérir ou de détruire des objets animés ou inanimés. Les volitions subtiles (sukhuma) sont paisibles : on souhaite ne pas déranger les autres. Penser au suicide ou à un massacre est une volition grossière (oḷārika). Les volitions subtiles ne deviennent pas raffinées, et vice versa. Elles périssent là même où elles sont apparues. Les volitions inférieures (hīna) visent des actes mauvais et les supérieures (paṇīta), des actions méritoires comme aider les autres. Mais de bonnes actions peuvent être inférieures à de meilleures encore : observer les préceptes est supérieur au don mais inférieur à la méditation. Vipassanā est supérieur à samatha. Si le yogi comprend tout cela par sa pratique, il abandonnera les saṅkhārā inférieurs au profit des supérieurs.

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