Les pollutions mentales

Les yogis doivent vérifier si leur attention est suffisante et déployer plus d’efforts (ātāpi) si elle ne l’est pas. Sans attention très développée, il n’est pas possible de se débarrasser des pollutions mentales (kilesā). Comme l’orfèvre purifie l’or, le méditant purifie son esprit, petit à petit. Il pratique toute la journée, sans interruption ou repos. Il constate à quel point c’est difficile. Son esprit est constamment envahi de pensées, essentiellement liées aux plaisirs sensoriels (kāmavitakka), mais aussi de pensées de haine ou de cruauté. Elles se manifestent à notre insu, nous oublions de les noter et nous laissons emporter : tristesse, orgueil, avarice, etc.

Les kilesā se manifestent à trois niveaux :

❶ vītikkama : les kilesā agressifs. En prenant les neuf préceptes, le yogi ne cause de tort à personne. Il est protégé contre ce type d’impureté. Il réfléchira avant d’agir ou parler.

❷ pariyuṭṭhāna : les kilesā obsessionnels. Au début de la pratique, l’esprit retourne constamment chez lui, parmi les pensées, c’est sa nature. Seul un effort puissant permet de maintenir l’attention. Dans la vie quotidienne, les gens se laissent dominer par leurs émotions. Les kilesā sont comparés à la sève d’un arbre qu’il faut assécher. En pratiquant vipassanā, nous accumulons un certain type de mérites (kusala) distinct des mérites de dāna ou sīla. Il y a quatre types d’effort juste : ① les actes négatifs commis dans le passé ne nous reviennent pas en mémoire, et nous ne les développons plus. ② Nous ne pensons pas au mal non accompli et ne l’accomplissons pas ③ nous ne regrettons pas le bien qui n’a pas été fait tout en faisant le bien ④ nous développons le bien déjà accompli dans le passé. Lorsque viriya, sati et samādhi fonctionnent de façon harmonieuse, nous nous débarrassons des pariyuṭṭhāna kilesā. À terme, il nous suffira de noter les états d’esprit successifs au moment où ils se manifestent pour les voir disparaître. La joie se manifestera alors. Un puthujjana est un être habité de nombreux kilesā et qui emporte ceux-ci d’une vie à l’autre. Un bébé n’a pas beaucoup de désirs, mais commence à les accumuler au fil des ans.

❸ anusaya : les kilesā latents sont très subtils et seul un arhat parvient à les voir complètement. Mais en développant peu à peu ātāpi et satima, sampajañña va apparaître. Sīla permet de surmonter le premier type de kilesa, samādhi, le second et paññā, le troisième, comme une graine invisible au départ se transforme en plante bien visible si nous l’arrosons régulièrement. Peu à peu, nous augmentons le nombre de respiration que nous parvenons à observer sans interruption. Du temps du Buddha, un groupe de moine croyait avoir atteint le but au terme du vassa et souhaitait en informer le Buddha. Mais celui-ci les envoya au cimetière où ils durent constater qu’il n’en était rien, car ils réagissaient les uns par la peur, les autres par le désir sensuel à la vue des cadavres dénudés.

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