Les postures sont impersonnelles et conditionnées

Dans vipassanā, nous devons garder notre comportement physique, verbal et mental à l’œil. Le premier et le second sont purifiés grade à l’observance des préceptes : ne pas tuer, voler, mentir ou prononcer des paroles dures, calomnieuses ou inutiles. Le troisième en observant le corps dans le corps.

Le mahāsatipaṭṭhāna sutta instruit d’être conscient de la posture que nous adoptons. À la marche, nous augmentons peu à peu le nombre de note par pas. Nous commençons à voir qu’il n’y a rien d’autre que l’intention suivie du mouvement, que les phases du pas sont bien distinctes. Certains méditants parviennent à décomposer le pas en six phases et voient une succession d’intentions avant chaque phase. Ces apparitions et disparitions sont incessantes. L’esprit et la matière se renouvellent sans cesse. Ce qui existe dans le présent est distinct de ce qu’il y avait dans le passé. L’observation de la marche devient la base pour le développement de la connaissance. La connaissance est complète lorsque nous sommes capables de répondre aux trois questions : Qui marche ? À qui appartient la marche ? Pourquoi la marche a-t-elle lieu ? La cause, c’est l’intention, l’effet, le mouvement. Il n’y a pas d’autorité qui contrôle la marche. À cause de la diffusion de l’élément ‘air’, lui-même causé par l’intention de marcher, la marche a lieu. Il faut trois facteurs, comme pour le char (corps), tiré par des chevaux (élément ‘air’) sur ordre du cocher (esprit).

Il en va de même des autres postures : sans l’esprit, le mouvement n’est pas possible, tout comme il faut du vent pour pousser le navire ou une corde tendue pour tirer une flèche ou encore des fils pour mouvoir une marionnette. Nous ne voyons pas généralement les fils de l’esprit attachés dans notre dos. C’est l’esprit pourtant qui nous intime de nous lever, de nous asseoir, etc. L’esprit est très puissant. Cette connaissance expérimentale sera développée par la simple observation de l’instant présent. La connaissance du méditant est très différente.

« Ainsi il demeure, contemplant le corps dans le corps intérieurement (…) extérieurement (…) à la fois intérieurement et extérieurement. » Lorsqu’il observe intérieurement, il pratique vipassanā directement. Mais en observant les autres, il comprend par inférence que leurs postures aussi sont impermanentes et conditionnées par l’intention. Parfois, nous alternons entre l’observation de notre corps et de celui des autres, mais il ne faut pas le faire délibérément.

« Il demeure, contemplant les facteurs d’origine (…) de dissolution (…) à la fois d’origine et de dissolution. » Les facteurs d’origine sont à la fois l’apparition elle-même et la cause de cette apparition. Il n’est pas facile de la voir. L’Abhidhamma explique que c’est à cause de l’ignorance que nous désirons revivre. Les quatre causes de la vie présente sont l’ignorance passée, le désir passé, le kamma passé et la nourriture. Le yogi contemple parfois ces causes dans sa méditation quand il considère par exemple que ce corps est apparu en raison de la présence de désir, etc.

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