Les quatre éléments

Il faut donc à la marche déployer des efforts et suivre chaque pas attentivement. Ce n’est pas possible au début et cela vient progressivement. Si nous ne sommes pas intéressés par la pratique, que nous nous ennuyons, nous regarderons de tout côté. Mais en déployant des efforts, nous pourrions expérimenter les quatre éléments après quelque temps, spontanément, sans les avoir recherchés.

Ce qui importe dans vipassanā, c’est d’abord d’appliquer les instructions. Le nombre de pas n’importe pas, mais bien la qualité de l’attention. Nous commençons par une note par pas. Si nous parvenons à maintenir l’attention, nous allons expérimenter certaines sensations authentiques, par nous-mêmes. La sagesse va se manifester. Le yogi passe à deux puis trois notes par pas. Au plus il est attentif, au plus il comprend. Il en vient à comprendre les quatre éléments et les cinq agrégats (khanda). Cette connaissance est issue de la pratique (paṭipatti), mais il est parfois nécessaire d’étudier la théorie (pariyatti) en premier lieu, afin de ne pas oublier.

❶ paṭhavī dhātu (l’élément terre). Toute sensation de dureté ou de douceur dans le corps, c’est l’élément ‘terre’, par exemple la pression au sol quand le pied prend appui.

❷ vayo dhātu (l’élément air). Tout ce qui est mouvement dans le corps. Peut-être ressentirons-nous de la légèreté dans le pied et même dans tout le corps.  À l’assise, peut-être remarquerons-nous que la partie supérieure du corps oscille. Il s’agit de l’élément ‘air’. L’important n’est pas de le noter comme tel mais de le percevoir. Parfois le yogi qui s’y attache va provoquer ce balancement. En le notant attentivement, il va cesser.

❸ tejo dhātu (l’élément feu). Nous ressentirons parfois peut-être le froid ou alors le chaud (ou l’énergie). Il y a quatre types de feux : 𝟙 santapanna 𝟚 jiraṇa 𝟛 ḍāha 𝟜 pācaka. Le premier est expérimenté lorsque nous avons de la fièvre.

❹ āpo dhātu (l’élément eau). En appliquant strictement les instructions à l’assise, le yogi réalise qu’il ne parvient pas à observer sans interruption. S’il y parvient trois ou quatre instants consécutifs, il a beaucoup progressé.  À terme, il parvient à suivre les mouvements de l’abdomen plus longtemps encore. Il ne veut plus lâcher la pratique à laquelle il prend goût. Sa confiance est renforcée. Il voit désormais les trois parties du mouvement : début, milieu et fin, alors qu’il n’en voyait que le milieu auparavant. Il n’a jamais ressenti un tel calme et des larmes de joie pourraient lui venir aux yeux. À la marche aussi.

Nous comprendrons à terme qu’il n’y a en nous que les quatre éléments (rūpa) et l’esprit qui note (nāma).

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