Les quatre nobles vérités en pratique

Le premier sermon du Buddha porte sur l’établissement du royaume du Dhamma (Dhammacakkappavattana sutta). Il contient les instructions les plus précieuses du Buddha pour celui qui parviendrait à les appliquer dans sa vie quotidienne. Il dessine une voie du milieu (majjhimapaṭipadā) entre les extrêmes de la recherche effrénée des plaisirs sensuels (kāmasukhallikānuyoga) et les mortifications (privations de nourriture ou de vêtements, exposition à des températures extrêmes ou adoption d’une unique posture) (attakilamathānuyoga). Cette voie du milieu est constituée des huit facteurs du noble chemin : ❶ la vue juste (sammā diṭṭhi), ❷ la pensée ou l’intention juste (sammā saṅkappa), ❸ la parole juste (sammā vācā), ❹ l’action juste (sammā kammanta), ❺ les moyens d’existence juste (sammā ājīva), ❻ l’effort juste (sammā vāyāma), ❼ l’attention juste (sammā sati) et ❽ la concentration juste (sammā samādhi). Chaque fois que le yogi note, il est engagé sur ce chemin.

L’attention qui devient pénétrante, c’est sammā sati. Quand l’esprit colle à l’objet, sammā samādhi est présent. Sammā vāyāma aide à empêcher les pollutions mentales (kilesa) de pénétrer l’esprit. Ainsi, ces trois facteurs du sentier qui constituent le groupe de la concentration (samādhikkhandha) éliminent les impuretés obsessives ou médianes (pariyuṭṭhāna kilesa) comme les pensées sensuelles, haineuses ou cruelles (kāma-, byāpāda- et vihiṃsavitakkā). Ainsi se manifestent les pensées justes (sammā saṅkappa). La véritable nature du mouvement de l’abdomen ainsi que des autres objets qui se manifestent sera alors comprise par soi-même (sammā diṭṭhi). Ces deux facteurs constituent le groupe de la sagesse (paññākkhandha). Au plus ils se développent, au plus les impuretés subtiles (anusaya kilesa) sont éliminées. Enfin, en retraite, le yogi respecte les préceptes, son comportement devient civilisé et ses actions, sa parole et ses moyens d’existence sont justes. C’est le groupe de la moralité (sīlakkhanha) qui élimine les impuretés grossières ou transgressives (vītikkama kilesa).

Au plus nous pratiquons, au plus nous en ressentons les bienfaits, car les répercussions qu’entraînent ordinairement les kilesa sont absentes. En devenant tranquilles et heureux, nous protégeons aussi notre entourage, qui devient plus paisible, c’est pourquoi vipassanā est qualifié de parahita (qui bénéficie aux autres). Notre vie n’est plus médiocre mais atteint un niveau élevé.

La victoire par le Dhamma (Dhammavijaya) ou sur soi-même, à l’inverse des victoires par les armes ou la manipulation qui s’enracinent dans lobha, dosa et moha (adhamma), n’aura pas de résultats mitigés ou de conséquences néfastes. Elle ne sera pas sans valeur car elle n’impliquera pas une perte d’intégrité ou de dignité. Elle apportera au contraire des bénéfices.

En évitant les deux extrêmes, nous réaliserons que tous les phénomènes physiques et mentaux partagent le même caractère de souffrance. Quand nous voyons cette première noble vérité par expérience directe, le désir, cause de la souffrance, est absent, et la souffrance cesse donc. Chaque fois que nous le faisons, l’attention, la concentration et la sagesse sont présentes. Ainsi réalisons-nous les quatre nobles vérités : dukkha, samudaya, nirodha et magga sacca, à l’instar de Koṇḍañña qui fût le seul à comprendre pleinement la signification du sermon ce jour-là.

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