Les quatre types de claire compréhension

Sampajāna signifie voir clairement, complètement et à fond. Dans le cadre de la méthode de Mahasi, l’instructeur dira souvent au yogi qu’il doit être plus précis et plus pénétrant dans son observation. Sam signifie par soi-même ou correctement, à fond ; pa signifie de diverses façons et jāna signifie comprendre ou discerner.

Dans le Mahāsatipaṭṭhāna sutta, quatre établissements de l’attention sont instruits : kāyānupassanā (le soulèvement et l’abaissement), vedanānupassanā (les sensations), cittānupassanā (les pensées) et dhammānupassanā (voir, entendre, sentir, etc.). Il est important de ne pas confondre les objets et de les voir complètement. Nous ne sommes constitués que d’un corps et d’un esprit, il n’y a rien de plus, pas d’individu.

Si l’observation n’est pas précise, nous passerons à côté de la compréhension, ne verrons pas le corps comme distinct de l’esprit, ou le mouvement de soulèvement et d’abaissement du début à la fin. Au début, ce n’est pas possible, l’esprit est difficile à contrôler et s’échappe sans que nous le remarquions. Au début, nous ne voyons que la partie centrale du soulèvement. Il ne s’agit pas de décomposer le mouvement en trois parties, mais simplement se contenter d’être attentif et de noter avec précision. Ātāpa est nécessaire pour cela, à la marche et dans les activités quotidiennes aussi. Si nous parvenons à développer une attention continue, la confiance va se renforcer, ce qui donnera un surcroît d’énergie physique et mentale.

Sampajāna est de quatre types : ❶ sātthaka : la compréhension de ce qui est bénéfique. Sept bénéfices sont énumérés dans le mahāsatipaṭṭhāṇa sutta, dont le plus élevé est la libération de la souffrance. Nous savons donc dans quel but nous sommes venus à la retraite. ❷ sappāya : la compréhension de ce qui est approprié, comprendre que sans la continuité de l’attention, les kilesā vont s’infiltrer sous forme de pensées, il faut respecter la pratique, ne pas sortir du centre, rêvasser, pratiquer le yoga, etc. Même des actions bénéfiques comme offrir des fleurs ou de l’encens au Buddha, nettoyer ou encore répondre à son désir de partager son expérience et de l’expliquer aux autres yogis doivent être vues comme inappropriées dans le cadre de la retraite. ❸ gocara : rester dans son territoire, càd les quatre établissements de l’attention, pour ne pas laisser les kilesā s’infiltrer et ❹ asammoha : l’esprit illusionné ne sait rien. Si nous sommes attentifs nous constatons que de nombreux états d’esprit se succèdent en une heure. Parfois nous sommes satisfaits (je ne croyais pas que je pouvais y parvenir) ou déçus. Nous verrons peut-être même leurs incessantes apparitions et disparitions. L’objet reste identique (l’abdomen) mais sa compréhension évolue, on voit progressivement le début, le milieu et la fin des phénomènes. Le Buddha a dit : yogā ve jāyatī bhūri, ayogā bhūrisaṅkhayo « la sagesse s’acquiert par la méditation, sans méditation, la sagesse est perdue ».

U Vivekananda aimerait une séance de Q&R, mais la priorité doit être donnée à la pratique.

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