Les quatre types de claires compréhensions

Pour voir les choses clairement, il faut que l’esprit soit stabilisé et capable d’observer chaque objet qui apparaît dans le corps et l’esprit ou n’en soit pas ignorant. Il faut aussi que la confiance soit établie dans le Buddha, le Dhamma et le Sangha. Le Commentaire donne quatre types de claires compréhensions (sampajañña) :

❶ sātthaka : Il faut se demander, avant d’entreprendre quoi que ce soit, si c’est bénéfique. La méditation vipassanā apporte sept bénéfices : purification des êtres, victoire sur le chagrin et les lamentations, disparition de la souffrance physiques et mentale, atteinte du noble chemin et du fruit, réalisation de nibbāna. Connaître ces bénéfices incite à se lancer dans la pratique.

❷ sappāya : Est-il approprié de pratiquer vipassanā ? Certains méditants peuvent s’inquiéter pour leur santé, mais en réalité, outre les bénéfices supramondains susmentionnés, vipassanā apporte aussi des bénéfices secondaires ou mondains. Un esprit maintenu paisible et équilibré toute la journée, à l’assise, à la marche et dans les activités quotidiennes, garantit une bonne santé. Il ne faut pratiquer que vipassanā et oublier les éventuelles bonnes expériences passées avec d’autres méthodes.

❸ gocara : Les yogis doivent rester dans leur domaine, soit les quatre satipaṭṭhāna. Il ne faut pas choisir délibérément d’en observer un. Tout comme la langue très sensible qui perçoit les différents goûts d’un plat et ne choisit pas de se limiter à tel ou tel saveur, le yogi qui tente au début de se maintenir sur l’objet primaire d’attention (l’abdomen), et observe les changements de posture (kāyānupassanā), note aussi les émotions ou les pensées qui apparaissent dans l’esprit et deviennent prédominantes. Il ne les a pas recherchées. Peut-être verra-t-il des choses en imagination, se sentira-t-il triste, joyeux ou plein de dévotion. Il doit noter ces choses (cittānupassanā). Peut-être la posture droite lui causera des sensations d’inconfort, des raideurs, tensions ou pressions. Il ne les a pas recherchées et les note telle qu’elles apparaissent (vedanānupassanā). Peut-être verra-t-il subitement une image, entendra-t-il un son, percevra-t-il une odeur, une saveur ou un toucher. Il note chaque fois : ‘voir, entendre, etc.’ (dhammānupassanā).

❹ asammoha : Si le yogi reste dans son domaine, il ne sera pas dérangé par les pollutions mentales et la claire compréhension de la non-illusion va spontanément se manifester. Le yogi voit clairement et sans confusion.

Les deux premiers sampajañña peuvent se pratiquer dans la vie quotidienne, les deux derniers concernent la méditation.

Le commentaire donne l’exemple de quatre types de moines : le premier est attentif en se rendant au village mais pas au retour, pour le second, c’est l’inverse, le troisième n’est jamais attentif et le quatrième constamment. Nous devons prendre exemple sur le quatrième.

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