Les quinze qualités du mettā sutta

Nous avons vu hier les premiers vers du Mettā sutta et les six premières qualités que le méditant doit posséder avant de le pratiquer. Les vers suivants énumèrent huit autres qualités :

santussako ca subharo ca, appakicco ca sallahukavutti.
santindriyo ca nipako ca, appagabbho kulesvananugiddho.

Traduction : « Satisfait de son sort, content de ce qui est offert, il ne se laisse pas submerger par les affaires du monde et vit dans la simplicité, il est cultivé, sage, éduqué et ne s’attache pas aux familles qui le soutiennent. »

Santussako : il faut être content et satisfait de sa situation, y compris après la retraite, au bureau et en toutes circonstances. Subharo : cette qualité est surtout demandée des moines pris en charge par les laïcs, qui ne doivent pas être lourds à porter. Mais les laïcs aussi doivent éviter de se plaindre ou demander toujours plus, sous peine de devenir pénibles pour les bénévoles. Il faut voir la retraite comme une salle d’entraînement pour la vie quotidienne. Appakicco : il faut éviter de s’investir trop dans les affaires du monde, de se laisser submerger par elles. Notre seule tâche en retraite est de méditer sans interruption. Sallahukavutti : faire preuve de simplicité et ne pas s’encombrer de choses inutiles. Santindriyo : il faut éviter de s’investir dans les contacts sensoriels et contrôler les portes des sens, sous peine de devenir comme un peta, constamment en quête de plaisirs sensoriels. Nipako : Il faut être sage, pendant la retraite et après celle-ci, être vigilants et attentifs, réfléchir avant d’agir. Appagabbho : éviter de réagir de façon primaire, par exemple en tuant des moustiques ; Il faut contrôler ses émotions, ne pas se croire le meilleur et dédaigner les autres. Kulesvananugiddho : cette qualité concerne surtout les moines et les nonnes qui s’attachent aux familles qui les soutiennent de façon trop exclusive, et n’irradient par exemple mettā qu’en leur direction seule. Les laïcs aussi sont attachés à leurs familles, mais doivent comprendre que les autres familles ressentent le même attachement pour leurs membres, sans quoi ils risquent de les percevoir comme des ennemies.

Ces huit qualités s’ajoutent aux six que nous avons vues hier. Si nous parvenons à les intégrer, l’intention de voir tous les êtres heureux apparaîtra spontanément en nous. Cette quinzième qualité décrite dans la strophe suivante est donc le résultat des quatorze premières :

na ca khuddamācare kiñci, yena viññū pare upavadeyyuṃ.
sukhinova khemino hontu, sabbasattā bhavantu sukhitattā.

Traduction : « qu’il ne fasse rien qui puisse être réprouvé par les sages, qu’il cultive l’intention : ‘puissent tous les êtres vivre dans la joie et la sécurité, puisse leur cœur être en paix. »

Il ne faut rien faire, dire ou penser de négatif ou de nuisible pour les autres. Il faut maintenir purs au moins les cinq préceptes : ne pas tuer, voler, se méconduire sexuellement, mentir ou prendre des intoxicants.

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