Les ressentis sont impersonnels

Les yogis contemplent les ressentis dans les ressentis conformément au Mahāsatipaṭṭhāna sutta et lorsque la concentration mûrit, ils comprennent leur nature. Au début, les raideurs, les sensations de chaleur et autres ressentis désagréables semblent durer éternellement, mais le yogi développe une énergie courageuse. Lorsque la concentration devient forte, ces ressentis disparaissent immédiatement. La sensation d’inconfort du passé (atīta) n’atteint pas la sensation de confort présente (paccuppanna) et vice versa. Ces sensations cessent au moment où elles sont notées. Par inférence, on sait qu’il en va de même pour les autres et pour l’univers entier.

Les ressentis internes (ajjhatta) ne deviennent pas externes (bahiddhā) et vice versa. On sait qu’on ne peut partager un sentiment de tristesse par exemple, mais il ne s’agit pas de cela ici. Le méditant saura qu’un ressenti qui dépend d’un objet interne, comme un mal de tête, ne se transforme pas en ressenti dépendant d’un objet externe, comme une pensée au sujet du travail ou de la famille, là où le non-méditant pensera que son ressenti interne est devenu un ressenti externe.

Si la méditation n’est pas bonne, le yogi pensera que le ressenti grossier (oḷārika) devient subtil (sukhuma) et vice versa. Mais si elle est bonne, il voit que la sensation grossière disparaît segment par segment, que les vieilles sensations sont remplacées par de nouvelles.

Les douleurs perçantes ou autres, la dépression, le chagrin, le désespoir sont inférieurs (hīna), les ressentis agréables, la joie, le contentement, l’extase sont supérieurs (paṇīta), mais les ressentis sensuels comme le goût, le bonheur d’être en famille, etc. sont inférieurs comparés à la joie que peut ressentir le yogi solitaire qui parvient au stade des apparitions et disparitions ou au sentiment de dévotion pour le Buddha, le Dhamma et le Sangha. Les ressentis changent constamment : parfois la méditation est bonne le matin mais pas l’après-midi ou inversement. Le yogi dont la méditation n’est pas bonne pensera que les ressentis supérieurs se détériorent en inférieurs ou vice versa.

Les ressentis qui dépendent d’objets lointains (dūra) ne se transforment pas en ressentis dépendant d’objets proches (santika). Ils disparaissent aussitôt notés et sont donc impermanents, insatisfaisants et impersonnels.

Cet exposé se basait sur le Visuddhimagga. À présent nous allons réciter un motto de l’anattalakkhaṇasutta.

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