Les saṃyojana (suite)

Les trois premières entraves (saṃyojana) sont sakkāya diṭṭhi, vicikicchā et sīlabbataparāmāsa. Elles sont éliminées au premier stade.

Au deuxième stade, les entraves de kāmarāga et paṭigha sont affaiblies. On peut comparer les entraves à des cordes constituées de milliers de fils. C’est l’attachement par ces dix entraves qui nous lie au cycle des renaissances. Kāmarāga est très fort et ne concerne pas seulement l’attachement aux belles visions, auditions, odeurs, goûts, sensations tactiles ou pensées, mais aussi l’attachement aux familles et aux biens. Nous avons pu constater qu’il était difficile de quitter nos familles et qu’au cours de la retraite, notre esprit s’envolait souvent en leur direction. Parfois, la colère apparaît, par exemple lorsque nous écoutons un enseignement. Si nous ne la notons pas, elle va se renforcer. Seuls les anāgāmi se sont entièrement débarrassés de ces deux entraves, mais lorsque notre attention est forte, que nous notons précisément l’objet, ces états d’esprit sont absents. Si nous ne notons pas cependant, lorsque nous voyons quelque chose par exemple, les pensées vont inévitablement apparaître, entraînant le désir ou la colère dans leur sillage.

Parfois, nous renaîtrons dans les plans inférieurs, les quatre apāya, parfois, sous forme humaine, parfois, si nous pratiquons dāna et sīla, dans les plans des devā et parfois, si nous pratiquons les jhāna, dans les différents plans de brahmā correspondants.

Ces cinq entraves mineures sont appelées orabbhāgiya saṃyojana. La pratique des jhāna ne libère pas des saṃyojana. Le sotāpanna, quant à lui, reprend encore naissance, mais uniquement dans les plans heureux : sugati.

L’anāgāmi reprend naissance dans un des cinq plans de brahmā seulement. Il est possible d’y accéder par les jhāna aussi mais alors on garde un attachement pour les formes subtiles (rūparāga saṃyojana) ou le sans-forme (arūparāga saṃyojana). Mais ce n’est pas le but du pratiquant vipassanā.

Les trois entraves suivantes sont majeures (uddhambhāgiya saṃyojana). Il s’agit de ① māna : en atteignant le premier stade, on devient très sincère et honnête, mais une forme de vanité très subtile subsiste jusque chez les anāgāmi. ② uddhacca : les êtres ordinaires sont très agités. Dans la méditation, nous le voyons lorsque l’esprit s’envole constamment. et ③ avijjā.

Quel est le bénéfice de cette étude théorique (pariyatti). Apprendre par cœur nous permettra de mieux nous souvenir des termes et de mieux comprendre l’enseignement du Bouddha, nous rendant heureux. Les moines quant à eux doivent étudier par cœur pour pouvoir enseigner, et développent ainsi pañña pāramitā. Les laïcs ne sont pas en mesure d’enseigner, mais s’ils pratiquent, ils peuvent acquérir paṭisambhidāñāṇa, la connaissance analytique, que certains arhats n’obtiennent jamais. En Birmanie, beaucoup de moines apprennent par cœur l’ensemble des livres du tipiṭaka. L’un d’eux encourageait les laïcs à prendre les préceptes en pāḷi afin d’être stimulés à acquérir la connaissance analytique. Cela ennuie les yogis, pourtant, utiliser les mots pāḷi permet la précision et empêche les interprétations. Lire un texte en pāḷi donne un goût particulier.

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