Les sept bojjhaṅga guérissent les maladies

Le méditant éprouve toutes sortes de ressentis, mais surtout désagréables. Lorsque la concentration n’est pas encore forte, des ressentis causant la détresse peuvent gagner en ampleur, il faut se montrer patient et noter. Avec la concentration elles perdront en intensité et si la concentration est très profonde, elles disparaîtront aussitôt notées, comme balayées du revers de la main. Elles ne reviendront plus jamais.

Le vénérable Mahākassapa a été guéri d’une maladie lorsque le Buddha lui exposa un sutta du bojjhaṅgasaṃyutta. Le vénérable Mahāmoggallāna aussi. Quant au Buddha, alors qu’il était malade, il demanda à Cundathera de lui réciter ce sutta et fût guéri. Les Bouddhistes croient aux vertus curatives de ce sutta. Il est accepté que ce pouvoir réside à la fois dans le son du sutta et dans les émotions positives qu’il génère, comme la foi. Mais c’est surtout parce qu’il éveille les bojjhaṅga eux-mêmes qu’il guérit ceux qui l’écoutent.

Les sept bojjhaṅga sont bien énoncés (sammadakkhātā) parce que le Buddha les a énoncés après les avoir pleinement expérimentés par lui-même. Il ne s’agit pas d’un discours spéculatif et il n’y a pas d’erreur possible.

Leur développement mène à la connaissance extraordinaire de la vision pénétrante (abhiññāya saṃvattanti). Il n’y a pas d’individu, seulement nāma et rūpa, car les processus physiques et mentaux disparaissent continuellement. On ne peut savoir cela en récitant machinalement le sutta.

Ces bojjhaṅga mènent à la connaissance par pénétration (sambodhāya saṃvattanti). Si on ne médite pas, chaque fois que l’on voit, entend, sent, etc., une vision erronée couvrira le phénomène qu’on croira permanent, satisfaisant et personnel. En l’observant tel qu’il est, on active les bojjhaṅga, la connaissance qui perce l’épaisse couche de moha. Celle-ci devient de plus en plus prépondérante et, finalement, mène à l’illumination.

‘Bodhi’, c’est la connaissance pénétrante et ‘aṅga’, le facteur causal, soit à la fois vipassanā et ariya magga. Selon l’interprétation inférieure, les bojjhaṅga sont développés dès les premiers stades de vipassanā. Selon la supérieure, ils ne le sont qu’à partir d’udayabbayañāṇa, lorsque la douleur et les maladies commencent à disparaître.

C’est sati, le premier saṃbojjhaṅga, qui amène ce résultat. Si sati est présente, les autres saṃbojjhaṅga le sont aussi. Il s’agit de noter scrupuleusement chaque phénomène sensoriel, chaque mouvement, etc.
Dhammavicaya saṃbhojjaṅga, c’est la connaissance intuitive qui investigue l’esprit et la matière, les caractéristiques unique et commune des phénomènes.
Un effort ardent (vīriyasambojjhaṅga) est nécessaire pour noter chaque phénomène.
Lorsque l’on voit les apparitions et disparitions, la joie (pītisambojjhaṅga) apparaît.
On parvient à un état pacifié (passaddhisambojjhaṅga).
La prise de note devient exceptionnellement bonne, l’esprit colle à l’objet (samādhisambojjhaṅga).
Lorsque la pratique est très bonne, il ne faut plus fournir d’effort, les facultés de foi et de sagesse d’une part, d’effort et de concentration de l’autre, sont équilibrées (upekkhāsambojjhaṅga).

Tous les ariya ont connu ces bojjhaṅga capables de détruire toute souffrance. Ils sont en route vers le nibbāna, l’état sans naissance, sans vieillissement, sans maladie, sans mort et sans danger (ajāti, ajara, avyādhi, amata, abhaya).

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