Les trois caractéristiques et ce qui les cache

Il est très important de voir les trois caractéristiques et seule la pratique de vipassanā le permet. C’est néanmoins difficile car elles sont cachées par des obstacles. Le Visuddhimagga détaille ces obstacles et explique comment les briser.

L’impermanence est cachée par l’impression de continuité. Si nous prêtons attention à chaque apparition et disparition, l’idée de continuité est brisée.

La souffrance est cachée par la posture car nous ne prêtons pas attention à l’oppression continuelle des apparitions et disparitions. Nous devons constamment modifier notre posture. Ne fût-ce que pour éviter que les yeux brûlent, nous devons cligner des yeux. Mais nous savons que la douleur nous trouvera dans la posture suivante après quelque temps et que nous devrons à nouveau en changer. Si nous restons une heure sans bouger, nous aurons sûrement des douleurs. En maintenant l’esprit sur les apparitions et disparitions, nous verrons d’abord l’impermanence, puis le caractère oppressant des phénomènes. Les postures ne pourront plus cacher la nature de souffrance du corps. Mais quid des états mentaux dont le Visuddhimagga ne dit rien ? Ici, c’est l’échec à voir la nature d’apparition et de disparition de l’esprit qui cache la nature de dukkha. Au cours de la méditation, nous sommes attentifs aux pensées et les voyons apparaître et disparaître pour être remplacées par d’autres pensées.

Le non-soi est caché par la compacité (ghana) des phénomènes, car nous ne prêtons pas attention à leur caractère composite. Nous percevons tout comme compact, y compris notre esprit. On pense que la conscience d’il y a un mois est la même aujourd’hui. En réalité, il y a des consciences visuelles, auditives, etc. Il y a une multitude de petits états mentaux. On pense « je goûte », « je vois », « je pense » et, si on ne pratique pas, on ne comprend pas qu’il s’agit de processus différents. Dans le cas de la vision, l’Abhidhamma explique qu’elle se compose d’une conscience réceptive, investigatrice, déterminatrice, etc., qui ont chaque fois leur fonction propre. Sans la méditation, on ne peut le comprendre. Anatta signifie à la fois ce sur quoi je n’ai pas d’autorité et ce qui n’a pas de noyau ou d’essence propre. Tant que nous percevrons les phénomènes comme un tout, nous ne pourrons voir l’absence de noyau de ceux-ci. Nous devons décomposer les choses. L’Abhidhamma entier porte sur anatta. Tout y est analysé, décomposé. Citta est distingué de cetasika. Citta est ensuite décomposé en 89 types et cetasika 52. Tout peut-être décomposé car rien n’a de noyau. Nous pouvons constater que l’esprit est parfois joyeux, et que parfois, d’autres états mentaux interfèrent. Une conscience se dirige vers un objet, la suivante prend cette première conscience pour objet. Avec une attention rapprochée, ce qui apparaissait comme un tout compact se révèle composé d’une multitude complexe de petits états mentaux.

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