Les trois caractéristiques (suite)

Il est important pour notre vie de voir les trois caractéristiques, ce qui n’est possible qu’avec vipassanā. Le Visuddhimagga explique que l’impermanence est cachée par la notion fausse de continuité, comme une rangée de fourmis que l’on prend erronément pour une ligne. Comme la ligne qui n’existe pas, le corps et l’esprit sont vus comme un flot continu de phénomènes. On ne voit pas les espaces qui séparent les phénomènes, leur début et leur fin. Mais le corps d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. À chaque instant, les matérialités (rūpa) se dissolvent.

Le yogi qui pratique voit chaque pas et chaque phase du mouvement (l’élément air) distinctement, le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen. Il connaît la sensation du toucher. Lorsqu’il entend quelque chose, il maintient l’esprit à l’intérieur de l’oreille. Le tympan apparaît et disparaît en même temps que le son. Il s’agit de petits segments de son apparaissant et disparaissant à grande vitesse. Toutes les petites activités du repas sont notées. Aussi délicieux soit-il, la nature impermanente du goût est très évidente. L’odeur de nourriture aussi apparaît et disparaît. Les pensées et planifications disparaissent aussitôt notées. Si elles persistent, on les note sans relâche. La qualité matérielle qui leur sert de base (le cœur) disparaît en même temps qu’elles. On réalise ainsi l’impermanence de la matérialité et on sait par inférence qu’il en va de même dans le corps des autres et dans l’univers.

Lorsque l’on comprend à fond la caractéristique de l’impermanence, il est facile de voir les deux autres caractéristiques de la souffrance et du non-soi.

Le commentaire définit l’impermanence comme ce qui n’existe pas, vient à l’existence et disparaît aussitôt, comme un éclair dans le ciel.

Le Buddha demanda aux bhikkhū si le corps était permanent ou impermanent et si ce qui est impermanent était satisfaisant ou non. La souffrance est de deux types : la douleur même (mal de dents, de dos, certaines souffrances intolérables expérimentées pendant la méditation) et puis la souffrance due au caractère terrible, inacceptable, dégoûtant et repoussant des apparitions et disparitions constantes. Les gens imaginent que la vie est bonne car elle semble stable mais quand ils réalisent qu’elle ne dure pas même une seconde, ils ne peuvent plus croire qu’elle soit bonne. Les cinq agrégats disparaissent tout le temps. S’ils n’étaient pas renouvelés, nous mourrions instantanément, comme si nous vivions dans une maison menaçantde s’effondrer à tout instant. Le commentaire précise que la marque de la souffrance, c’est l’oppression continue due aux apparitions et disparitions.

Le Buddha demanda aux bhikkhū s’il était juste de considérer ce corps soumis à l’impermanence comme mien, comme moi ou comme mon moi. Si c’est le cas, nous y sommes attachés par l’avidité, l’orgueil et les vues fausses respectivement.

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