Les trois chemins : kamma, jhāna et ñāṇa

Le Dhammacakkappavattana sutta est le plus important sermon du Buddha et il offre la leçon la plus importante pour notre vie. À l’époque du Buddha, certains professeurs enseignaient qu’il fallait jouir autant que possible de cette vie sans attendre la suivante (kāmasukhallikānuyoga) et d’autres qu’il fallait au contraire se mortifier (attakilamathānuyoga), en ne portant presque pas de vêtements, en s’exposant à des conditions climatiques extrêmes ou en adoptant une unique posture toute la vie par exemple. Le Buddha jugea les secondes inutiles. Il préconisa la voie du milieu qui évite les deux extrêmes : majjhimapaṭipadā, le noble octuple sentier dont les huit facteurs sont développés à chaque note mentale du yogi :

❶ Il fournit un effort d’aller à l’objet à chaque mouvement de l’abdomen (sammā vāyāma) ❷ ce qui permet à l’attention (sammā sati) de se maintenir d’instant en instant sur l’objet, ❸ de rester fixée sur l’objet de façon stable (sammā samādhi). ❹ Ainsi, les pollutions mentales (kilesa) ne peuvent pénétrer l’esprit. Les pensées sensuelles, de colère ou de cruauté (kāma-, byāpāda- et vihiṃsavitakkā) disparaissent, les pensées obsessives (pariyuṭṭhāna kilesa). L’intention juste (sammā saṅkappa) se manifeste soixante fois en une minute. ❺ Le yogi perçoit la véritable nature du mouvement soixante fois. Son expérience est directe et personnelle, c’est la vue juste (sammā diṭṭhi). Au plus on s’entraîne à la sagesse, au plus les pollutions latentes (anusaya kilesa) seront dispersées de façon temporaire. ❻, ❼ & ❽ Durant une retraite, le yogi s’engage à respecter les préceptes et évite les transgressions (vītikkama kilesa). Son comportement devient poli et civilisé. La parole juste (sammā vācā), l’action juste (sammā kammanta) et les moyens d’existence juste (sammā ājīva) sont renforcés.

Les actions douloureuses tendent à amener des effets douloureux à l’extérieur d’une part et à l’intérieur sous forme de pensées négatives, dangereuses ou pénibles. En évitant de réagir aux impuretés mentales, le cercle vicieux est brisé, comme le désir de nuire. Ainsi échapperons-nous aux conséquences douloureuses de nos actions négatives. La pratique de vipassanā profite à tous (parahita). Lorsque l’avidité, la colère et l’ignorance sont absents, l’esprit est pur et clair, raffiné et calme, le standard est plus élevé, moins médiocre. Le yogi bénéficie directement de sa pratique et son entourage aussi, car il ne l’agite pas. Il contribue donc à la paix dans le monde.

Les victoires externes s’enracinent dans lobha, dosa et moha, elles sont incertaines et adhamma et nous amèneront peut-être à perdre notre intégrité. La victoire du Dhamma (Dhamma vijaya) ou sur soi-même nous bénéficiera en premier.

En évitant les extrêmes, nous découvrirons les quatre Nobles Vérités de la souffrance (dukkha sacca) : tout phénomène conditionné est insatisfaisant ; de son origine (samudaya sacca), le désir ; de sa cessation (nirodha sacca) et des moyens de l’éteindre (magga sacca). Lorsque le yogi voit la première noble vérité, il voit automatiquement les trois autres. A chaque note mentale, il comprend la première, élimine la seconde, réalise la troisième et développe la quatrième.

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