Les trois premières connaissances vipassanā

Pour clôturer cette retraite, nous verrons les connaissances vipassanā que vous avez expérimentées sans aller trop loin pour ne pas susciter incrédulité ou incompréhension. Le Buddha a dit « Qui voit le Dhamma (soit la réalité telle qu’elle est) me voit ». Le brahmane Vakkali s’était fait moine pour pouvoir voir le Buddha tout le temps, car il lui était très attaché. Mais le Buddha vit son potentiel et se montra patient. Un jour il le critiqua pour son manque d’étude et de pratique, et lui enjoignit de s’éloigner. Vakkali voulait se jeter du haut d’un précipice, mais le Buddha lui envoya le message : « ne sois pas découragé, je suis près de toi », ce qui le remplit de joie. Il nota « joie », car il avait des pāramī et était très attentif à ce moment, et réalisa les stades successifs de sainteté jusqu’à celui d’arhat.

Cette réalisation subite est surprenante. Selon les écritures, il y a quatre types d’individus : ❶ ugghaṭitaññū (très intelligent et attentif, comme Sāriputta. Atteindre l’illumination n’est pas difficile pour lui) ❷ vipañcitaññū (un peu moins intelligent. Atteint l’illumination à la fin d’un sermon) ❸ neyya (ne peut atteindre l’illumination sur simple écoute, doit pratiquer avec effort) ❹ padaparama (ne peut atteindre l’illumination dans cette vie mais accumule des pāramī pour une bonne renaissance qui lui permettra de l’atteindre) Le Buddha garantit que l’on peut réaliser le Dhamma en 7 jours au minimum et 7 ans au maximum si l’on pratique ardemment.

L’esprit du yogi qui voit le mouvement de l’abdomen comme tensions, décontraction, etc. n’est pas souillé par le désir, l’aversion, l’orgueil, etc., et voit clairement. Il est capable de différencier le mouvement et l’esprit qui le note, l’esprit et la matière, soit la première connaissance vipassanā. Si son attention est très fine, il ressent peut-être de la dureté à la fin du soulèvement ou de la douceur à la fin de l’abaissement, ou de la chaleur où les mains touchent les pieds, de la salive dans la bouche, etc. Parfois, il aura l’impression de flotter à la surface de l’océan et sera capable de noter une heure sans interruption. Voir cela, c’est la compréhension ou la sagesse. Il est difficile d’y parvenir.

La deuxième connaissance vipassanā, ce sont les causes et les effets. S’il n’y avait soulèvement, nous ne pourrions le noter, si le pied s’élève, c’est en raison de l’intention. Cette vision va éradiquer la croyance en l’Ego et les doutes.

Si l’attention est continue pendant une minute, nous verrons soixante changements entre soulèvement et abaissement et comprendrons l’impermanence. Ces prises de conscience successives sont pénibles et nous aurions préféré pouvoir cesser de noter. Elles ont lieu parce qu’il y a un esprit et un corps et nous somme impuissants face à cela. Ainsi, le yogi comprend par l’expérience les trois caractéristiques, c’est la troisième connaissance vipassanā. À ce stade les pensées ne sont plus sensuelles comme au début de la pratique.

Ces résultats inciteront le yogi à persévérer.

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