Les trois types de pollutions mentales

Il a été question hier des trois types de pollutions mentales (kilesā) : agressives (vītikkama), obsessionnelles (pariyuṭṭhāna) et latentes (anusaya). Le premier type est surmonté par l’entraînement à la moralité (sīla sikkhā), le second par celui de la concentration (samādhi sikkhā) et le troisième par celui de la sagesse (paññā sikkhā). Le but est de nous libérer de la souffrance, essentiellement, la naissance, la maladie, la décrépitude et la mort, et de nous débarrasser de ces trois types de kilesa. Nous devons examiner pour nous-mêmes dans quelle mesure nous désirons nous en débarrasser et décider comment nous allons nous y prendre. Vipassanā est très difficile, il faut constamment garder les portes sensorielles. Nous pouvons nous rabattre sur sīla, le contrôle des actes et des paroles, en observant, 5, 8, 9 ou 10 préceptes. Seules les personnes nobles sont capables de maintenir les préceptes parfaitement purs. Elles ont franchi les étapes de connaissance vipassanā une à une : distinction de l’esprit et la matière, compréhension des causes et des effets, etc. jusqu’à l’atteinte du noble chemin. Elles n’ont plus de doutes par rapport à la pratique et ne rompent plus jamais les préceptes. Si nous choisissons la voie bouddhiste de sīla, il faudra prendre ces préceptes tous les jours. En Birmanie, il est d’usage pour les laïcs d’observer huit préceptes les jours d’uposatha (quatre fois par mois lunaire).

Les pariyuṭṭhāna kilesā ne se manifestent que dans l’esprit et ne se remarquent pas de l’extérieur, mais nous pouvons les voir dans la méditation et les surmonter avec l’effort et la concentration. Il existe 40 types de méditation de la concentration, notamment buddhānussati, la contemplation des vertus du Buddha. Tant que nous restons concentrés, nous sommes protégés contre les kilesā, mais dès que l’attention faiblit, les kilesā peuvent revenir. Le pratiquant peut se limiter à cette pratique. La pratique de vipassanā néanmoins est la meilleure façon d’éliminer ce type de kilesa. Elle permet de comprendre la nature de l’esprit. Nous notons les états mentaux, joie, anxiété, etc. et les voyons disparaître aussitôt. La colère peut apparaître subitement alors que nous observons l’abdomen, peut-être en raison de l’irruption d’un objet déplaisant. Un esprit puissant voit ces états mentaux apparaître et disparaître sans cesse. Sans l’énergie (viriya), il n’est pas possible de maintenir l’attention. Viriya, sati et samādhi fonctionnent ensemble.

Les anusaya kilesā ne peuvent être éliminés que par paññā, la sagesse ou les connaissances vipassanā. Comme les racines d’un arbre qu’il faut enlever complètement pour qu’il ne repousse plus, ces kilesā nous amèneront à souffrir encore et encore de naissances en naissances. Nous ne savons pas combien de temps il faudra.

Il faut donc entreprendre ces entraînements, à commencer par sīla, la parure du méditant. Si les préceptes sont impurs, l’esprit est instable. Nous notons les pensées, sensuelles, coléreuses ou cruelles comme un objet des quatre satipaṭṭhāna. Si nous parvenons à les gérer, nous serons heureux et la confiance va se développer. Nous serons capables de les accepter comme étant la nature de l’esprit.

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