Les trois types de souffrance

Nous parlerons aujourd’hui de la souffrance (dukkha) car les yogis en font l’expérience en premier lieu. Elle est de trois types : ❶ dukkha dukkha, ❷ vipariṇāma dukkha et ❸ saṅkhāra dukkha. Répéter ces formules en pāḷi ne permet pas encore d’en comprendre le sens.

❶ La souffrance ordinaire s’expérimente en dehors de la méditation aussi. Il y a deux types d’attention : 𝟙 attention ordinaire 𝟚 attention capable de comprendre la véritable nature des phénomènes (bhāvanāmaya).

❷ Nous suivons les instructions du Buddha, maintenons le dos droit, les jambes croisées et tentons de maintenir l’attention sur l’abdomen avec détermination (adhiṭṭhāna), et après quelque temps, le ressenti agréable (sukha) fait place au désagréable (dukkha). Il s’agit de la souffrance due au changement. Des douleurs apparaissent dans le dos, les fesses, les genoux, les chevilles, sous forme de dureté, engourdissements, picotements, etc. Nous les notons attentivement et au plus nous les notons, au plus elles s’intensifient et nous les voyons clairement. Notre patience n’est alors pas encore assez développée et nous désirons bouger. Il faut noter ce désir et la douleur pourrait alors diminuer. Si elle ne diminue pas, nous pouvons bouger très attentivement et voir la douleur se dissiper. Après quelque temps à nouveau, sukha fait place à dukkha sous forme de pressions, douleurs coupantes, pulsations, etc. et nous tentons cette fois de faire preuve de plus de détermination encore. Le non-pratiquant ignore l’existence de ces ressentis désagréables et change inconsciemment de posture. Il ne comprend pas que le corps est impermanent (anicca), insatisfaisant (dukkha) et insubstantiel (anatta).

❸ Il existe deux réalités : la réalité conventionnelle (un homme, une femme, un bhikkhu, un intendant, etc.) et la réalité du corps et de la matière (nāmarūpa) qui ne peut être comprise que par vipassanā. Il n’y a pas d’entité permanente en nous, seulement de l’esprit et de la matière en changement continuel. À chaque nouveau contact sensoriel, il y a changement. Le voir clairement, à fond et complètement exige une pratique assidue. Alors que nous observons l’abdomen, il faut être en mesure d’observer attentivement er de noter aussi chaque nouveau contact sensoriel : voir, entendre, sentir, goûter, toucher ou penser. Au début, nous ne voyons que la partie médiane proéminente du soulèvement et de l’abaissement. À terme, nous sommes capables d’en voir le début et toute l’évolution sous forme de phases successives jusqu’à la fin. Nous observons des sensations de douceur, tension, pression, etc. Ces changements ne sont plus perçus seulement dans l’abdomen mais pour chaque contact sensoriel. Les pensées aussi sont perçues dès leur tout début. L’attention devient ininterrompue. Ce changement constant de nāmarūpa, c’est la souffrance due aux formations. La confiance et la foi dans le Dhamma se développent. Nous considérons la chance que nous avons eue d’entrer en contact avec cet enseignement. Nous comprenons comment nous pouvons devenir un être noble (ariya).

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