Les vertus du Buddha : sugato et les dix pāramī

La quatrième vertu du Buddha peut être traduite par ‘bien arrivé’ (sugata). Pour un Buddha, parvenir à destination n’est pas simple. Depuis la prédiction du Buddha Dipankara, le Buddha a mis quatre éons et 100.000 ères cosmiques pour mener les dix pāramī (vertus) à la perfection. Nous aussi essayons de développer ces vertus. Cela ne peut être que très graduel. Au plus elles seront perfectionnées, au plus elles exerceront une influence favorable sur notre pratique.

❶ dāna diminue notre attachement.

❷ sīla maintient les préceptes purs. Tenter d’observer sīla amène beaucoup de frustrations. Tous les contacts sensoriels sont autorisés dans la vie quotidienne mais en retraite nous nous abstenons de prendre plaisir à voir, entendre, etc.

❸ nekkhamma, le renoncement. En retraite, nous sommes temporairement bhikkhu. Nous n’aurions pas entamé de retraite si les pāramī n’étaient pas déjà développés en nous dans une certaine mesure.

❹ paññā développe la compréhension. Nous observons attentivement le corps et l’esprit et voyons qu’il n’y a rien hormis des phénomènes physiques et mentaux en interaction. Nous apprenons à noter de façon précise.

❺ viriya, l’effort, doit être constant. Parfois l’ennui l’emporte ou, à l’inverse, l’agitation car viriya n’est pas bien dosé.

❻ khanti, la patience face aux contrariétés : se lever tôt, endurer les douleurs, etc.

❼ mettā. Nous souhaitons aux autres le même bonheur auquel nous aspirons. Nous observons le neuvième précepte de garder toujours un esprit bienveillant envers les autres, tout au long de la journée, et même de la vie.

❽ adiṭṭhāna est la détermination à poursuivre la pratique, à tenir face aux douleurs, dussions-nous en mourir.

❾ sacca consiste à toujours dire la vérité, à être sincère, humble et obéissant vis-à-vis du professeur et des autres, à ne pas prétendre. Au moment d’avouer quelque chose que nous souhaitions taire, nous pouvons faire un vœu.

❿ upekkhā n’est pas facile à développer. Nous essayons d’éviter tant l’euphorie dans une situation agréable que la dépression dans une situation désagréable, en comprenant leur caractère éphémère. C’est très utile dans la vie quotidienne.

Il y a trois niveaux de pāramī. Le Buddha par exemple pouvait donner tout ce qu’il possédait. Quand il était roi, il donnait son royaume, sa femme, ses enfants et même ses organes vitaux. C’est dāna upapāramī. Dans une existence comme lapin, il offrit sa vie en se jetant lui-même dans le feu pour les chasseurs (dāna paramattha pāramī). Ces trois niveaux existent pour les autres pāramī aussi, ce qui porte le total des pāramī à 30.

Ces pāramī doivent être développés progressivement, comme l’eau qui coule goutte à goutte. Ils fleuriront un jour quand les conditions seront présentes.  Le travail de la retraite n’est donc pas inutile. Les yogis doivent en faire régulièrement. Elles sont comme un entraînement pour le judoka, un cadre artificiel où les ennemis (kilesā) ne sont pas trop nombreux. Comprendre l’impermanence des phénomènes nous donnera une vision sage une fois retournés dans la vie quotidienne. Il faut continuer à développer les pāramī après la retraite.

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