Les vertus du Buddha : vijjācaraṇasampanno

Les yogis qui travaillent respectueusement et assidûment vont ressentir de la joie mais les autres risquent de s’ennuyer. Ceux-là doivent faire appel au quatre méditations protectrices : buddhānussati, mettābhāvanā, asubhabhāvanā, maraṇasati dont il était question hier. Au plus nous comprendrons que le Buddha était vertueux et pur, au plus la confiance se renforcera, laquelle nous incitera à fournir plus d’efforts. La confiance est donc très importante. Des neuf vertus du Buddha que nous récitons chaque matin, nous en avons vues deux hier : arahaṃ et sammāsambuddho.

La troisième qualité du Buddha est vijjācaraṇasampanno. Avijjā ou moha signifie ne pas savoir ou savoir incorrectement. Son contraire, la connaissance correcte (vijjā) amène une pratique (caraṇa) qui est complète (sampanna). Notre pratique est d’habitude incomplète en raison des impuretés. Nous savons par exemple que boire ou fumer est mauvais et pourtant nous ne parvenons pas à arrêter en raison de l’attachement. De la même façon, la plupart des gens pratiquent sīla, samādhi et paññā de façon incomplète. Le Buddha par contre n’avait aucune avidité. Il recevait pourtant tout et acceptait tout en pratiquant le contentement. Il ne cherchait jamais à se venger et pratiquait la tolérance. Au plus nous comprenons, au plus grande notre capacité à tolérer et pardonner, comme un psychiatre qui tolère les excès de son patient qu’il sait malade. Il peut gérer la colère. Le degré de compréhension du Buddha reste toutefois difficilement concevable.

Les Buddha et arhats possèdent trois connaissances supramondaines : connaissance d’un nombre incalculable de vies antérieures chez eux-mêmes et les autres, œil divin qui permet de voir à volonté ce qu’ils souhaitent (Anuruddha y excellait) et élimination des purulences (āsavakkhayāvahaṃ): kāmāsava, bhavāsava (il n’est pas correct selon le theravada de prétendre que le Buddha réside dans une terre pure puisqu’il n’est plus attaché à aucune forme d’existence), diṭṭhāsava, avijjāsava. Celles-ci se manifestent sans cesse à nouveau. Nous récitions quotidiennement l’aspiration à être libérés de ces purulences. C’est parce que notre compréhension de la vie est immature et incomplète qu’existe l’attachement et donc la souffrance. Le pratiquant comprend qu’il n’existe pas d’entité permanente, de « je », mais seulement une suite de phénomènes physiques et mentaux qui apparaissent et disparaissent.

Le Buddha possédait cinq autres pouvoirs : ❶ lire l’esprit des autres, ❷ manipuler l’esprit des autres (ses instructions individualisées permettaient à l’individu d’atteindre la libération), ❸ obtenir instantanément ce qu’il souhaite, ❹ oreille divine (perçoit les devā au corps subtil comme l’air), ❺ disparaître, se démultiplier, marcher sur l’eau, voyager dans les airs.

Il existe quinze conduites (caraṇa) pour l’obtention de ces pouvoirs que beaucoup d’arhats du temps du Buddha possédaient. À l’époque d’Asoka, le bouddhisme florissant se répandit jusqu’en Grèce car les arhats se déplaçaient dans les airs.

Si j’évoque les vertus et pouvoirs du Buddha aujourd’hui, c’est pour que vous compreniez que le travail que vous fournissez n’est pas anodin mais très noble. Il permet de se libérer de toutes les impuretés et souffrances.

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