L’esprit décomposé en agrégats

J’explique la théorie et vous tentez de l’expérimenter dans votre pratique. Vous avez ainsi pu voir les quatre éléments, particulièrement prédominants parmi les 28 propriétés matérielles. Vous avez pu observer leur changement constant. Avec l’effort et la concentration, le nombre incalculable de phénomènes physiques nous apparaît. Le corps est dans un état de flux. Au plus nous observons, au plus cela devient clair et au plus nous nous débarrassons des impuretés mentales.

L’esprit est ce qui expérimente l’objet. Comme pour le corps et les éléments dont les caractéristiques sont la chaleur, le froid, les vibrations, etc., l’esprit possède des caractéristiques. Il y a différents types de consciences : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile. Elles apparaissent en même temps que l’esprit. En même temps que la conscience visuelle, auditive, ou autre (viññāṇa khandha), qui est la réalité, apparaît la reconnaissance du son (saññā khandha), qui est un concept. On dit par exemple, c’est le son d’un oiseau. Mais l’un n’existe pas sans l’autre. Saññā khandha, c’est la perception ou la mémoire. Vedanā khandha, c’est le ressenti. Ces deux choses s’observent clairement dans la méditation. Sankhāra khandha est très large et regroupe 50 états mentaux comme l’avidité, la colère, l’orgueil, la joie, etc. Il s’agit surtout de la volition (cetanā). Il est plus difficile à observer que saññā et vedanā. Si on mélange quatre jus de fruit : mangue, avocat, pomme et cerise, il devient difficile de les distinguer en buvant, car ils apparaissent en même temps. Avec vipassanā néanmoins, c’est possible.

Le scientifique étudie la matière et voit par exemple que l’eau se décompose en H2O. Le Buddha va décomposer l’esprit. L’esprit est très rapide et apparaît des milliards de fois par seconde. Il y a trois types de présents : le présent momentané qui change d’instant en instant, le processus du présent qui est celui qui nous intéresse en méditation (nous notons en réalité chaque fois l’esprit qui vient de disparaître avec un nouvel esprit) et le présent durable qui envisage des périodes plus longues (1 jour, 1 mois, 1 an). Il faut une forte concentration pour observer le processus du présent.

Ces catégories mentales sont importantes. Les émotions s’enracinent dans les ressentis. Si nous comprenons leur nature d’apparition et de disparition, nous ne nous y attacherons plus. La vie deviendra facile. Croire que ce qui s’est passé hier va se poursuivre aujourd’hui relève du concept. Celui qui reste dans le présent ne souffre pas a déclaré le Buddha. La souffrance, c’est croire qu’il y a hier et demain, espérer le lendemain et repenser au passé. Si nous développons la sagesse, nous pourrons l’appliquer à la vie quotidienne et vivre harmonieusement. Il faut développer la puissance de l’esprit pour parvenir à comprendre la réalité.

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